Le musulman, nouvel ennemi intérieur des extrémistes américains

Tribune publiée sur le site des "Inrockuptibles", le 22.09.11

La commémoration des attentats du 11 septembre 2001 est l’occasion de revenir sur la montée en puissance, outre Atlantique, de la mythologie du « complot musulman ».

L’axe du Mal. Telle fut la manière dont George W. Bush, en 2002, qualifia l’Iran, l’Irak, la Corée du Nord et tous les États, groupes ou individus pouvant être soupçonnés de terrorisme islamiste. Huit ans après sa parution dans la revue néo-conservatrice Foreign Affairs, la théorie du « Clash of Civilizations » connaissait un nouveau succès, involontaire cette fois. Samuel P. Huntington n’avait pas prévu les attentats d’Al Qaeda. Mais au lendemain de l’implosion du bloc de l’Est, il avait programmé la disparition des conflits idéologiques au profit des rivalités religieuses et culturelles. Selon lui, le monde occidental, et en particulier les États-Unis allaient être confrontés à plusieurs grandes menaces, au premier rang desquelles les velléités de la civilisation musulmane. Cette vision, héritée de la guerre froide, d’une planète divisée entre « nous » et « eux » était un storytelling néo-conservateur, un artifice discursif destiné à justifier les guerres en Afghanistan et en Irak.

Depuis l’élection de Barack Obama et le projet de création d’un centre culturel et religieux islamique près de Ground Zero, une nouvelle idéologie fait des musulmans installés aux États-Unis les principaux ennemis de l’Amérique. On la retrouve à l’extrême droite de l’échiquier politique, au sein de quelques obédiences chrétiennes ultra-religieuses et surtout chez les Tea Party. Ces groupuscules nationalistes étant très majoritairement isolationnistes, c’est le combat contre l’influence de l’Islam sur le sol américain qui les anime. Le reste des républicains (néo-conservateurs compris), en majorité, n’y adhèrent pas et continuent de prôner la fermeté militaire contre les dictatures, au Moyen Orient et ailleurs.

Cette mythologie anti-musulmane recycle d’anciennes constructions rhétoriques, issues de l’antisémitisme de la première moitié du XXe siècle et du maccarthysme. La croyance se diffuse que les musulmans vivant aux États-Unis ont le projet d’infiltrer la nation et les instances du pouvoir américain (FBI, CIA, Congrès, etc.), afin d’en détruire les fondements, puis d’en prendre le contrôle.

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