Le luxe et la symbolique du sexe collectif

Tribune publiée dans le "Huffington Post", le 12 septembre 2013

Pour leurs publicités destinées aux magazines, certaines marques de luxe aiment les photos de groupe.

Les femmes y sont (le plus souvent) oisives, lascives, sourient peu, ont parfois l’air de s’ennuyer, ou bien aguichent le client comme dans cette image pour Louis Vuitton (campagne automne 2013) qui figure une maison close haut de gamme des années 1930:

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La « pute » de luxe est sans doute une icône efficace. Dire qu’elle est une cliente fidèle (de Vuitton) est un pas que je ne franchis pas. Elle est sûrement censée incarner un fantasme (mais pas forcément de toutes les femmes, contrairement à ce que pense François Ozon). Dolce & Gabanna, pour sa part, s’était attiré des ennuis il y a quelques années pour cette image évoquant un viol collectif (les limites du porno-chic avaient alors été franchies):

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La marque italienne poursuit aujourd’hui dans la photo de groupe, avec une série de clichés symbolisant la famille et la religion, bref le lien social traditionnel, où les protagonistes sont représentés dans la « vraie » vie, laquelle n’est cependant pas exempte de symboles (campagne automne 2013).

Ainsi, le subversif est mobilisé, comme dans cette image, qui met en scène, peut-être dans un cloître, deux jeunes mariés, une femme qui prie mais qui est habillée de rouge (c’est ambigu) et qu’un prêtre regarde avec insistance (admiration ou désir? Il faut dire que le mannequin, c’est Monica Bellucci). Les autres personnages sont deux très jeunes hommes d’église (des séminaristes?) et deux très jeunes femmes impeccablement vêtues (mais en manches courtes) et cheveux attachés (mais fardées) -sans doute des invitées du mariage. Tous les quatre fixent l’objectif de manière équivoque: sérieux, fierté, dévotion ou appel au sexe? Après tout, ce n’est pas forcément contradictoire.

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