Interviewée par ORF (Radio-télévision autrichienne) sur Jeanne d’Arc et le Front National, le 24 avril 2015

cs-2610660-jpg_2248944Le 24 avril 2015, j’ai été interviewée par une journaliste d’ORF (Radio-télévision autrichienne) sur la récupération du mythe de Jeanne d’Arc par le Front National. Nous sommes revenues sur l’histoire du FN et j’ai expliqué que l’extrême droite française instrumentalisait – plus que les autres partis – certaines mythologies nationales pour se les réapproprier, et ce, depuis le XIXe siècle. Jeanne d’Arc en fait partie, tant elle représente symboliquement, à la fois, la résistance à l’envahisseur (hier, anglais, aujourd’hui musulman, arabe, (nord-)africain et, jusqu’à la deuxième guerre mondiale, juif – dans l’imaginaire du FN, cela s’entend -) ; le sacrifice (Jeanne d’Arc s’est donnée au roi et à Dieu pour « sauver la France ») ; la pureté (la virginité de « Jeanne la pucelle » figurant la préservation de la France « intacte », autrement dit blanche, catholique, coupée des « intrus »). D’autres aspects de sa vie (et des circonstances de son martyre) sont occultés.

Par ailleurs, l’organisation de la célébration de Jeanne d’Arc, le 1er mai, est une façon, pour le Front National, de voler un peu la vedette aux défilés des syndicats : le parti des Le Pen sait qu’il attirera la lumière médiatique. Sans doute, également, ce rassemblement a-t-il plus vocation à réaffirmer l’unité interne du parti et à mobiliser les militants qu’à séduire de nouveaux électeurs.

Le FN s’efforce de manier des symboles différents, voire opposés : la tentative de hold-up sur le principe de laïcité et sur la République est, a priori, pour le moins contradictoire avec la référence à la Jeanne d’Arc pieuse et vouée à Dieu et à la monarchie. Néanmoins, la conception frontiste de la laïcité est exclusive (et non pas inclusive, pacifiste comme dans la loi de 1905) ; elle ne tolère que le catholicisme, « racine » de la France, selon le FN.

(Photo : « Le Point » et © Michel Stoupak / AFP)