Présentation sur les stéréotypes de genre à la Fédération Française de Handball

Le 13 juin 2015, à l’invitation de la Fédération Française de Handball – dans le cadre de son plan de féminisation -, j’ai fait une présentation sur les stéréotypes de genre dans le sport.

Les préjugés influent sur les discours qui sont eux-mêmes performatifs – autrement dit, ils ont des effets sur les pratiques. Les stéréotypes enferment les individus dans un cadre de référence donné, admis et largement véhiculé (homme/femme, Noir/Blanc, etc.). Ils occasionnent donc des généralisations qui créent des clivages souvent définitifs. L’appartenance à un groupe (ou à un sous-groupe comme « femme noire », « homme musulman », etc.) crée une catégorisation qui, à son tour, hiérarchise, classe et facilite inégalités et discriminations.

Plutôt que d’inviter à saisir l’individu dans toute sa complexité, les stéréotypes (qui sont très pratiques, très commodes) fonctionnent de manière binaire sur des mécanismes d’inclusion/exclusion.

Construits historiques, politiques, les stéréotypes sont par ailleurs relayés par de nombreux médias (au sens large du terme) : dictons populaires, humour, symboles, publicité, marketing, communication politique, etc.

Les stéréotypes de genre emprisonnent les hommes et les femmes dans des rôles sociaux, à partir d’attentes en termes de traits de caractère et de comportements, censés être innés (douceur/force, docilité/violence, émotion/raison, espace domestique/espace public). Et ce, dès le plus jeune âge. Les coûts de transgression sont souvent élevés : par exemple, un homme ambitieux est bien considéré socialement, ce n’est pas vrai d’une femme.

Fortement ancrés dans les mentalités, les stéréotypes de genre passent inaperçus. Or ils véhiculent et reproduisent, en les renforçant, des normes sociales induites et inégalitaires entre les hommes et les femmes. Aux femmes, le monde domestique, le foyer, la sphère intérieure ou privée, le soin du conjoint et des enfants, et/ou les caractéristiques de la séductrice, de l’objet sexuel, voire de l’objet tout court. La plupart du temps, il n’y a pas de place pour autre chose. Les hommes sont pour leur part associés au monde extérieur, à la liberté, à l’aventure, à l’argent, au travail, à l’autorité, à la force (physique et mentale), etc.

J’ai abordé le domaine du marketing genré (notamment le marketing sportif), du marketing pour enfants (lui-même ultra genré), et la publicité, à partir d’une analyse iconographique (photos, affiches, etc.). Par exemple, la sportive n’est légitime que dans une mise en discours et en image glamourisée, hypersexualisée, voire réifiée – i.e. traitée en objet. (Voir l’affiche ci-dessus). J’ai insisté sur la dimension cumulative de cette iconographie : ce ne sont pas quelques images isolées, c’est une généralité.

Néanmoins, l’engagement d’un nombre croissant de fédérations sportives à lutter contre les stéréotypes de genre – grâce notamment à la loi sur l’égalité hommes-femmes de 2013 – indique qu’une prise de conscience existe car les inégalités et les discriminations non seulement sont condamnables en soi, mais reviennent à gâcher les talents (en termes de pratiques comme de gouvernance sportives).

Merci à Béatrice Barbusse pour son invitation.