Élection présidentielle américaine de 2016 : les candidats au défi du pluralisme « racial » et ethnique

Article publié dans le numéro 149 (hiver 2015-2016) de la revue "Politique Internationale".

Depuis l’après-guerre, partis démocrate et républicain s’affrontent régulièrement sur le thème des inégalités socio-économiques et politiques, de la violence raciste, des discriminations légales ou illégales subies par les minorités.

Les droits civiques, la fin de la ségrégation ou encore l’affirmative action dans les universités et les emplois publics ont joué un rôle central dans le jeu politique américain. Aujourd’hui encore, après des décennies de luttes, le principe d’égalité continue d’être battu en brèche. Les hommes afro-américains issus des classes populaires, par exemple, ont 60 % de « chances » de connaître la prison au moins une fois dans leur vie — on parle à leur sujet d’« hyper-incarcération » — et les « bavures » policières à leur encontre demeurent majoritairement impunies.

Depuis l’été 2014, les images de jeunes noirs non armés, tombés sous les balles de policiers blancs, et des manifestations qui ont suivi ont fait le tour du monde.Le cas, plus récent, de Sandra Bland a également fait la « une » de l’actualité : cette universitaire noire de 28 ans, arrêtée de manière brutale au Texas après une infraction mineure au code de la route, est décédée en prison quelques jours plus tard dans des circonstances troubles. Quant à la tuerie de Charleston, perpétrée par le jeune Dylann Roof en juin 2015, elle a ravivé le vieux démon du suprémacisme blanc que beaucoup croyaient disparu.

Ces faits divers traduisent-ils une résurgence du racisme institutionnel ? La remise en cause par la Cour suprême, en 2013, du Voting Rights Act [1] qui, depuis 1965, garantissait l’accès aux urnes des électeurs afro-américains dans les États du Sud et du Midwest, le laisse craindre. Depuis deux ans, en effet, les États fédérés ont la possibilité de modifier, sans le contrôle de Washington, les règles électorales dans leurs circonscriptions : obligation de présenter certains papiers d’identité, limitation du vote anticipé… Autant de mesures qui pénalisent [2], souvent délibérément, les minorités ethniques et « raciales » et qui n’ont pas été sans conséquences lors des dernières élections de mi-mandat (« midterms ») en novembre 2014.

Plan de l’article :

La déception Obama
La démographie, un défi électoral national et local
La lutte contre les discriminations sur l’agenda démocrate
La stratégie des Républicains : éviter la question « raciale » ?
L’immigration, « patate chaude » de la politique américaine…
Les États-Unis confrontés à une crise identitaire

Lire l’article en entier dans le dernier numéro de « Politique Internationale ».

 

[1] Le Voting Rights Act est une loi fédérale datant de 1965 visant l’égalité effective en matière de droit de vote. Dans les Etats du Sud, en effet, les Noirs, bien qu’ils fussent des citoyens comme les autres depuis la fin du XIXe siècle, souffraient d’entraves discriminatoires pour exercer ce droit: ils devaient passer un test d’histoire, s’acquitter d’une taxe, présenter des papiers spécifiques, etc. La modification des règles d’accès au vote, par les Etats fédérés, était, jusqu’en 2013, soumise au contrôle du Département de la justice.

[2] Ces mesures consistent par exemple à n’imprimer que des bulletins de vote en langue anglaise, à exiger des électeurs une carte d’identité (non obligatoire aux États-Unis et que nombre de personnes défavorisées ou d’origine étrangère ne possèdent pas), à vérifier les connaissances en matière d’éducation civique (ce qui pénalise les personnes n’ayant pas fait d’études) ou à réduire la durée des procédures d’early voting (vote anticipé), qui évitent les files d’attente, ce qui décourage les groupes d’électeurs les moins mobilisés, notamment les classes populaires.