Interviewée par RMC, France Info, LCI, RFI et I Télé, le 20 avril, sur les élections américaines

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Les primaires du parti républicain et du parti démocrates se tenaient dans l’Etat de New York, le 19 avril dernier.

Hillary Clinton et Donald Trump sont les grands vainqueurs de cette élection, remportant chacun environ 60% des suffrages. Pour tous les deux, cette victoire est importante, sur un plan tant symbolique que tactique. Clinton se devait de remporter l’Etat dont elle a été sénatrice pendant 8 ans et où les époux Clinton ont tissé des liens forts avec les communautés locales (notamment la communauté noire). Ces réseaux ont manqué à Bernie Sanders, qui a aussi pâti du système de participation aux primaires dans cet Etat, ouvertes seulement aux électeurs inscrits au parti démocrate (« encartés »), alors qu’il a construit son succès, jusqu’ici, sur le vote indépendant. Si la différence entre les deux rivaux démocrates, en termes de délégués gagnés, est faible (quelques dizaines), Clinton brise l’élan et la confiance de Sanders qui venait de remporter 7 primaires d’affilée. Le coup est rude et la suite ne devrait pas être favorable au sénateur du Vermont.

De son côté, Trump gagne un peu moins de 100 délégués (principe du « Winner takes all »), creusant un peu plus l’écart avec Ted Cruz : désormais, environ 300 délégués les séparent. New York est la ville du milliardaire : il y réside, il y brasse une grande partie de ses affaires et la Trump Tower est connue de tous. Mais, avec un peu plus de 800 délégués, il est encore loin des 1237 nécessaires pour lui assurer une majorité, difficilement contestable, avant la convention du parti en juillet. A ce stade, tout est encore possible : une investiture de Trump ou la désignation, par le parti, suivant une procédure complexe et quelque peu opaque, d’un autre candidat plus rassembleur et moins fragile face à Clinton en novembre. Ce serait alors prendre le risque d’un déni de démocratie ; les électeurs républicains pourraient se sentir floués et se détourner des urnes. En bref, l’establishment républicain est bien embarrassé.

Trump et Cruz sont ce que j’ai qualifié dans les médias de « boomerang anti-Obama » : le sursaut d’une Amérique blanche, protestante et patriarcale, fermée sur elle-même, qui refuse le multiculturalisme, l’immigration, la Modernité. Qui est dans le déni d’un changement inéluctable sur les plans culturel et démographique. L’identité est selon moi l’un des principaux thèmes de cette campagne présidentielle, des deux côtés de l’échiquier politique.

Les prochains grands rendez-vous pour ces primaires sont le 26 avril et surtout le 7 juin, avec la Californie, l’Etat qui désigne le plus de délégués.