Conférence sur le genre, à l’IGPDE (ministère de l’Economie et des Finances),le 29/11/16

A l’invitation de l’Institut de la Gestion Publique et du Développement Economique (IGPDE), qui est l’opérateur de formation permanente du ministère de l’Économie et des Finances, j’ai participé à une conférence sur les inégalités entre les femmes et les hommes, le 29 novembre 2016.

Le titre de ma communication était : « D’où viennent les inégalités entre les femmes et les hommes ». En voici les grandes lignes.

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont difficiles à combattre

En effet, on touche à l’intime, à la vie privée des gens ; or la vie privée est politique. Ces inégalités procèdent de mécanismes de pensée et d’habitudes largement involontaires, inconscientes. De plus, on a l’impression que tout est réglé, que c’est une question qui concerne les anciennes générations.

Plusieurs lois récentes ont réaffirmé et amplifié l’impératif d’égalité. Citons la loi du 6 août 2012 relative au délit de harcèlement sexuel, la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, et la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel. Pourquoi a-t-il fallu des lois garantissant une égalité effective entre les femmes et les hommes ?

Parce que, dans l’histoire de la République, dans les vies quotidiennes, au travail comme dans le sphère domestiques : le masculin est universel, le féminin représente la différence, la marge. Cela se vérifie encore largement dans les discours, les représentations, l’iconographie. Par exemple, pour les sportifs, on dit « l’équipe de France », mais pour les sportives, « l’équipe de France féminine ». On parle aussi, en sociologie, de masculin neutre.

C’est là qu’il faut différencier « sexe » (biologique) et « genre » (construction sociale du masculin et du féminin)

Un enjeu, quand on parle des inégalités femmes-hommes, c’est le poids des stéréotypes, qui enferment les individus dans un cadre de référence donné, admis et habituellement véhiculé. Il s’agit de croyances, de préjugés, de clichés qui occasionnent une généralisation touchant un groupe de personnes (ici, les femmes) et les différenciant d’un autre (les hommes). Les stéréotypes résistent à l’information nouvelle. Plutôt que de saisir l’individu dans toute sa complexité, on lui applique un calque relié aux circuits cognitifs et émotionnels existants.

Les stéréotypes sont des construits historiques, politiques, les stéréotypes sont par ailleurs relayés par de nombreux médias (au sens large du terme) : dictons populaires, humour, symboles, langage, et un biais qui paraît particulièrement évident qui est la publicité.

En tout état de cause, les stéréotypes de genre véhiculent et reproduisent, en les renforçant, des normes sociales induites et fortement inégalitaires entre les hommes et les femmes. Et toute catégorisation implique une hiérarchisation (Françoise Héritier).

Aux femmes, le monde domestique, le foyer, la sphère intérieure ou privée, le soin du conjoint et des enfants, ou bien les caractéristiques de la séductrice, de l’objet sexuel, voire de l’objet tout court. La discrétion, la douceur. Les hommes sont pour leur part associés au monde extérieur, à la liberté, à l’aventure, à l’argent, au travail, à l’autorité, à la force (physique et mentale). Le problème est le côté systématique et cumulatif de l’iconographie et des discours (et donc des pratiques) Pour la prise d’exemple, le formatage des mentalités, c’est un problème, notamment pour les enfants.

Les stéréotypes créent des inégalités, je le disais, pour un grand nombre d’activités humaines. Dès l’enfance se construit l’idée qu’il y a des mondes d’hommes et des mondes de femmes. Ainsi, le marketing pour enfants est de plus en plus genré, et même sexualisé (pour les filles). Les stéréotypes de genre existent dans la plupart des sphères de socialisation et de vie.

Ainsi, l’ensemble des champs des politiques publiques sont concernés et, à terme, tout le monde a à y gagner, même si le coût existe à court terme.