De Tillerson à Pompeo : la diplomatie américaine sur les ailes des faucons ?

Invitée de "Enjeux internationaux" sur France Culture, le 15/03/18

J’étais l’invitée de Xavier Martinet dans l’émission « Les enjeux internationaux », le 15 mars 2018.

Le limogeage du chef de la diplomatie américaine lundi dernier fait de Rex Tillerson le Secrétaire d’Etat au mandat le plus court. Son remplacement par le directeur de la CIA Mike Pompeo signe un durcissement de l’attitude américaine : vers une nouvelle politique de « faucons » ?

Mike Pompeo
Mike Pompeo Crédits : JIM WATSONAFP

Rex Tillerson était avec les militaires (J. Mattis, H.R. McMaster et J.F. Kelly) entrés en 2017 à la Maison Blanche le premier des « adultes dans la pièce », adults in the room selon l’expression d’un sénateur républicain il y a un an (« l’aile adulte du nouveau régime »).  C’est le septième fonctionnaire de haut-rang de la Maison Blanche à  être limogé depuis. C’est même sans doute le Secrétaire  d’Etat le plus important qui est démis de la façon la plus expéditive : par un tweet ! La mise en scène donne l’impression que Tillerson a été «cueilli» au retour de sa tournée Africaine.

Pour beaucoup cette éviction n’est pas une surprise, c’est une sanction déjà évoquée par un article bien informé du NY Times en novembre 2017 : cette fois Donald Trump a d’ailleurs pointé des «désaccords» notamment sur le nucléaire iranien, qu’il veut  renégocier. Et il dit vouloir une équipe neuve avant les discussions avec la Corée du Nord.

Pour ces deux dossiers, l’échéance se rapproche les deux et le président Trump veut raffermir la ligne dure qu’il a jusqu’ici prônée : pour l’incarner, c’est le directeur de la CIA Mike Pompeo qui remplace Rex Tillerson. Un chef espion chargé des Affaires Etrangères, ouvertement hostile à l’accord avec l’Iran et représentant notoire de l’aile ultra-conservatrice «Tea Party» des Républicains.  Sa nomination est donc à la fois un signal diplomatique et un message électoral ; son poste à lui revenant à la numéro deux de l’Agence, Gina Haspel, impliquée dans des tortures militaires dont elle devra répondre devant le Sénat avant d’être approuvée.

Donald Trump resserre son deuxième cercle et s’entoure donc de nouveau de «faucons» tandis que le personnel issu de la vie civile part peu à peu ; mais en se privant de Rex Tillerson, relativement apprécié des milieux internationaux, ne perd il pas quand même pas un atout dans son dispositif ?

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