Melania Trump : first rebelle ?

Interview pour "Elle", parue dans le numéro du 5/07/18

Emilie Rivenq, pour le magazine « Elle », m’a interviewée sur le rôle politique de Melania Trump. La troisième épouse du président américain suscite de nombreuses interrogations depuis quelques mois : ses absences lors de déplacements officiels, et plus récemment la veste qu’elle portait pour se rendre aux côtés des associations venant en aide aux enfants d’immigrés clandestins, ornée de la phrase, au dos, « I really don’t care, do you ? » (« Je m’en moque complètement, et vous/et toi ? ») en sont la cause.

Melania Trump est passée du statut de faire-valoir de son mari à celui de ce qu’on pourrait qualifier de « soft rebelle ». Âgée de presque 30 ans de moins que lui, elle a participé, volontairement ou non, au storytelling viriliste personnel du candidat, puis du président Trump. Contraire exact de Michelle Obama, dont elle est par ailleurs accusée d’avoir plagié au moins deux discours, Melania Trump apparaît comme une femme discrète, voire effacée, incarnant le rôle genré traditionnellement attribué aux « first ladies ».

Une position ambivalente

Mais aujourd’hui, avec ce blouson de marque grand public, elle utilise les codes de communication de son mari : la grossièreté, la provocation, qui font le buzz. A-t-elle voulu signifier au président qu’elle n’adhérait pas à son projet ? Qu’elle souhaitait exister par elle-même ? Voire qu’elle pouvait le mettre en difficulté ? Car Trump a tenté de récupérer à son compte la communication de son épouse en twittant que c’était des « fake news media » dont la première dame se moquait… Celle-ci s’étant par ailleurs exprimée pour dire qu’elle désapprouvait que des enfants puissent être séparés de leur famille, lors des procédures de lutte contre l’immigration illégale.

Par ailleurs, Melania Trump continue de remplir ses obligations en accueillant, à la Maison blanche, les chefs d’Etat en visite officielle, ainsi que leur épouse. L’exemple le plus récent étant le couple royal de Jordanie et celui d’Espagne. Elle est donc dans une position ambivalente, du moins pour l’heure.