Marine Le Pen, la guerrière de la France ?

Publié le 01 mai 2011

L’affiche du Front National élaborée à l’occasion du défilé du 1er mai 2011 met en scène (apparemment après plusieurs hésitations au sein du parti) la photo de la nouvelle présidente aux côtés de la figure, ou plutôt de l’ombre tutélaire de Jeanne d’Arc. La couleur bleu domine – en référence à la « vague bleu Marine », le nouveau slogan du parti, qui est censée tout balayer dans le monde politique à court ou moyen terme. Ce qui frappe, toutefois, c’est la mise en parallèle symbolique de ces deux femmes.

Le F.N. vénère Jeanne d’Arc parce qu’elle était (paraît-il) vierge et donc pure, comme le sol français devrait l’être de toute présence étrangère ou non chrétienne (la métaphore de la « souillure » est une constante à l’extrême droite depuis le XIXe siècle). Du reste, la pucelle d’Orléans ne s’est-elle pas battue jusqu’à la mort pour chasser l’intrus anglais hors de France et défendre le catholicisme ?

Or, ce que le F.N. ne met pas en avant, dans cet épisode de l’histoire, c’est que sa condition de femme a beaucoup desservi « Jeanne » au moment du jugement, puis du châtiment (violée par ses geôliers, probablement sur ordre de la hiérarchie religieuse, puis brûlée vive pour la purifier de la présence du diable, comme les sorcières l’étaient couramment à cette époque – en fait de sorcières, des femmes non soumises à l’ordre patriarcal). C’est ainsi que l’histoire devient légende et peut dès lors être récupérée à des fins idéologiques.

Revenons-en à Marine, dont les points communs avec Jeanne d’Arc sont peu évidents au premier abord… Mais si vous regardez bien l’affiche, vous verrez que la pucelle (sur son cheval et sa lance à la main) surplombe une présidente du F.N. au regard décidé mais empreint d’humanité (comme quoi…), comme si cette dernière était sous son magistère, sous son autorité morale, et lui rendait hommage. La verticalité indique la force, la détermination – du temps de Jean-Marie Le Pen, la virilité -, atténuées aujourd’hui, du moins dans l’iconographie, par la douceur, qualité bien entendu éminemment féminine…

Le F.N. maîtrise le storytelling. Voilà pourquoi il est si fascinant.