Le F.N. ou le storytelling pour les nuls
Publié le 15 novembre 2011Il faut l’avouer, on est un peu déçus… Dans son iconographie, le Front National nous avait habitués à plus de subtilité. Jeanne d’Arc, les Quick halal, les mises en scène des meetings politiques de Jean-Marie Le Pen… Le décryptage en était aussi intéressant que distrayant.
Avec sa nouvelle affiche, titrée « Choisis ta France », le parti d’extrême droite fait dans l’évidence, dans l’immédiatement visible, dans l’explicite. Ce qui risque paradoxalement de lui faire perdre en efficacité (et lui vaut déjà plusieurs parodies).
Je vous laisse juger par vous-mêmes :
Qu’est-ce qu’on a là ?
Le Mal versus le Bien.
Les méchants versus les gentils.
L’enfer (notez la présence du feu) versus le paradis.
Le diable versus Dieu (oui mais attention, le Dieu des catholiques).
Les banlieues (la ville ?) agitées et hostiles versus la campagne, le terroir, les racines (Maurice Barrès, nous voilà).
La violence versus la paix (quoi de plus apaisant qu’un marché de village, un dimanche matin de printemps ?)
La saleté versus la propreté.
Les couleurs chaudes versus les couleurs pastel.
Les pauvres et les immigrés versus la belle jeunesse blanche et blonde (l’homme sur la photo de droite ressemble à un militant des jeunesses frontistes ; la femme, avec son décolleté, est plus moderne, même s’ils sont tous les deux en jeans).
Mais bon… C’est trop simple. Parce que rappelez-vous que le diable a souvent un visage d’ange…
« Ô doux enfant, viens avec moi !
Jouons à des jeux, moi seul avec toi,
Viens cueillir ces lys près de l’eau qui dort,
Pour ces fleurs ma mère offrira des habits d’or (…).
Veux-tu, bel enfant, me suivre là-bas ?
Mes filles t’y attendent déjà,
Elles sauront, grâce à leur chant divin,
Te bercer et danser la ronde sans fin »
(Goethe, « Erlkönig » (« Le roi des aulnes »)).