Donald Trump a-t-il déjà gagné ?
Publié le 07 février 2020J’ai accordé une interview à « L’Express », le 6 février 2020, sur la bonne dynamique de Donald Trump en ce début de campagne présidentielle.
Acquittement au procès en destitution, fiasco des primaires démocrates en Iowa, opposition divisée. Donald Trump semble avoir un boulevard devant lui pour sa réelection.
« Je pense que les jeux sont déjà faits : Trump sera réélu en novembre. » Une phrase banale, en apparence, si elle venait d’un des soutiens du locataire de la Maison Blanche. Ou si elle était tirée d’un débat sur la chaîne conservatrice Fox News. Mais de la part du camp adverse ? Karina n’est pourtant pas une indécise ou une modérée. Cette Américaine de 25 ans est une pro-Warren, figure de l’aile gauche démocrate, « la seule capable de réduire les inégalités ».
La jeune femme, travaillant à Paris, l’avoue non sans peine : le pessimisme l’emporte nettement. « Les démocrates sont beaucoup trop divisés. Et en face, il y a Trump, juste Trump. » Elle n’est pas la seule dans ce cas-là. Safira, étudiante américaine, « garde toujours espoir. Trump peut gagner, oui, mais les démocrates ont encore une chance. Ils doivent vraiment s’unir par contre, et certains devraient se retirer de la primaire. Il en va de notre démocratie. »
Popularité de Trump au plus haut
Les jeux sont-ils déjà faits ? Faute de boule de cristal, ou à moins de vouloir jouer la carte de la provocation, il est évidemment impossible de l’affirmer. « C’est dans un an, on a le temps. Une campagne est un long processus« , comme le rappelle Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’université Panthéon-Assas, spécialiste de la politique américaine et auteur de Et s’il gagnait encore ? (V.A. Éditions, 2019). « Les choses sérieuses commenceront quand on aura le nom de l’adversaire du président, lors de la convention démocrate en juillet prochain. On parlera alors bilan, perspectives d’avenir… »
Mais une chose est sûre : l’hypothèse d’une réélection est aujourd’hui plus que crédible. Son discours annuel sur l’état de l’Union, mardi soir, avait d’ailleurs des airs de meeting électoral. Insistant sur « le grand retour de l’Amérique », les promesses « tenues », l’économie « rugissante », le président s’est livré à un véritable exercice d’auto-célébration, quasiment sans cesse interrompu par les standing ovations des républicains. Un président triomphant, acquitté quelques heures plus tard – sans surprise – par le Sénat à l’issue de son procès en destitution.
Preuve de son succès : la forte popularité dont il jouit en ce moment. Selon le dernier sondage de l’institut Gallup, publié mardi, le milliardaire républicain enregistre 49% d’opinions favorables. Il n’avait jamais atteint ce niveau (44% au début de son mandat). « La veille de son acquittement pour le procès en impeachment, Trump atteint 49% d’opinions favorables dans le sondage historique Gallup. À 1 point de la majorité absolue pour la première fois de sa présidence. Échec politique majeur pour les démocrates », note sur Twitter Corentin Sellin, professeur d’histoire agrégé et spécialiste des États-Unis.
La veille de son acquittement pour le procès en #impeachment #Trump atteint 49% d’opinions favorables dans le #sondage historique Gallup. À 1 point de la majorité absolue pour la 1ère fois de sa présidence. Échec politique majeur pour les démocrates.