Donald Trump et les médias

Publié le 22 avril 2020

La revue de science politique et droit constitutionnel « Pouvoirs », publiée aux éditions du Seuil, consacre son numéro 172 de janvier 2020 à Donald Trump. J’ai le plaisir d’y signer l’article intitulé « Donald Trump et les médias ».

La revue est disponible ici et en librairie.

 

Extrait de mon article :

La relation que Donald Trump entretient avec la presse, aujourd’hui passionnelle et obsessionnelle de part et d’autre, est ancienne, complexe et extrêmement riche. L’homme excelle dans son utilisation quotidienne et intense de tous les types de médias disponibles pour valoriser sa politique, son pouvoir, son image de marque, ses affaires. De leur côté, journaux et chaînes de radio et de télévision s’interrogent en permanence sur leur couverture des actions et propos de ce président au profil inédit.

Un homme de télévision

La mise en scène grandiloquente de sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle, en juin 2015, sur l’escalator de sa Trump Tower à New York, devant une foule composée de partisans et de comédiens rémunérés, n’était qu’un épisode de plus dans l’iconographie télévisuelle d’un homme d’affaires égocentré, provocateur, attirant coûte que coûte les projecteurs à lui. Dès les années 1990, Donald Trump a fait l’objet d’une attention médiatique importante, dans la presse économique en tant que promoteur immobilier alternant succès éclatants et faillites, mais aussi dans la presse à scandales en raison de sa vie privée – deux divorces retentissants, de nombreuses relations extraconjugales, etc. Il a également été un producteur et animateur de télévision pour des programmes qui ont considérablement joué en faveur de sa notoriété auprès du grand public. Trump est donc à la fois un produit et un acteur médiatique.

Trump a en effet été une personnalité incontournable de la télévision récréative. De 2004 à 2015, il a présenté et produit pour une chaîne du réseau nbc l’émission de téléréalité à succès « The Apprentice » – dont il est resté producteur exécutif après son élection. L’émission mettait en compétition des candidats désireux de rejoindre le monde des affaires et Trump, depuis ses bureaux de la Trump Organization, décidait qui poursuivait l’aventure dans l’épisode suivant et qui partait. Le gagnant se voyait offrir un contrat dans l’entreprise Trump. Les perdants devaient pour leur part recevoir la sentence « Vous êtes viré » (« You’re fired »), qui est restée célèbre au point que Trump, une fois président, l’a réutilisée avec des journalistes, joignant le geste (pointer du doigt) à la parole et usant de variantes comme « Dehors », « Vous êtes mauvais », etc.

Les concours de Miss Univers et leur retransmission télévisuelle mondiale – sur nbc à partir de 2003 – ont eux aussi permis à Trump de développer ses activités. De 1996 à 2005, il était l’un des propriétaires de la Miss Universe Organization, qui supervisait également les concours de Miss USA et de Miss Teen USA. Ces compétitions ont consolidé sa popularité et lui ont facilité la négociation de contrats immobiliers dans les pays et États fédérés dont étaient originaires les finalistes des concours.

Depuis trente ans, entretenir l’image d’un dirigeant (économique ou politique) à succès, d’un winner, et garantir la prospérité de son business et de celui de ses trois premiers enfants, notamment de sa fille Ivanka, sont les deux motivations médiatiques essentielles d’un Donald Trump qui, une fois candidat à la présidentielle puis président élu, reste avant tout un homme d’affaires. Il n’a du reste pas rompu avec ses activités, au point que plusieurs enquêtes sur des soupçons de conflits d’intérêts sont en cours. Trump, c’est avant tout une marque à faire fructifier.

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