D’ailleurs, le Parti républicain avait réussi à enrayer la montée du Tea Party pour remporter les élections de 2014 et pensait avoir réglé la question, quand survint le milliardaire qui va se glisser dans les contradictions et les incohérences du Grand Old Party jusqu’à la convention de Cleveland. Incapable de définir une doctrine sur l’immigration, la santé ou le climat, le Parti républicain n’a pu que constater les dégâts.
On a trop souvent une idée simpliste de la politique américaine : deux partis pas si éloignés sur le fond se disputent civilement les suffrages des électeurs. Mais les oppositions au sein même du Parti républicain peuvent donner lieu a des échanges très vifs. John Boehner, ex-président de la Chambre des représentants, a ainsi traité Ted Cruz, l’ultra-libéral opposé à toute immigration, de «fils de pute» !
A force d’appliquer des grilles de lecture simplistes en revenant aux convictions affichées par Reagan en matière économique (la baisse des impôts pour les plus riches produit de la richesse et donc de la croissance), l’appareil a perdu toute capacité de réflexion et a confié son destin à un opportuniste préoccupé d’une seule chose : «son enrichissement personnel et la mise en scène de soi». La colère et la rancœur, les moteurs de Trump et de ses électeurs, vont-ils le porter jusqu’à la Maison Blanche ? Plus personne ne le sous-estime, conclue Naves en invitant les vieilles démocraties a se montrer vigilantes à l’égard des populistes qui haussent le ton en Grande-Bretagne, en Hongrie, en France ou ailleurs.