Invitée de la Matinale de LCI sur les élections américaines, le 10 octobre 2016
Publié le 21 octobre 2016
J’étais l’invitée de la Matinale de LCI dans la nuit des 9 et 10 octobre 2016, ainsi que pour la Matinale du 10 octobre, afin de commenter le 3e et dernier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump et les élections américaines. L’émission était présentée par François-Xavier Ménage.
« Je vous laisse dans le suspense. » Prié de dire s’il acceptera le résultat de l’élection présidentielle américaine du 8 novembre prochain quelle qu’en soit l’issue, Donald Trump a laissé son auditoire dans l’expectative mercredi soir lors du 3e et dernier débat face à Hillary Clinton. « Je verrai à ce moment-là », a fait savoir le milliardaire, qui, quelques instants auparavant, avait par ailleurs jugé illégitime la candidature de l’ancienne First lady tout en insinuant que le scrutin pouvait être truqué.
Jeudi, en meeting dans l’Ohio, le candidat républicain a tenté de corriger le tir après des condamnations quasi-unanimes, de Barack Obama jusqu’aux membres de son propre camp. « J’accepterai un résultat clair de l’élection, mais je me réserve le droit de contester et de lancer une procédure de justice en cas de résultat douteux », a-t-il affirmé.
Une position ambigüe qui rappelle son refus, au tout début des primaires républicaines, de s’engager à respecter le choix des sympathisants du parti. Et qui montre une certaine propension à s’affranchir des règles établies. Surtout lorsque celles-ci ne lui conviennent pas. Au-delà d’être inédite, cette posture semble surtout dangereuse. Dangereuse à la fois pour Donald Trump lui-même et le parti républicain que pour la société américaine.
« Le parti républicain a dû être très énervé » par cette prise de position, estime la sociologue Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l’IRIS et spécialiste de la politique américaine, interrogée par LCI. « Il y a un risque de démobilisation de l’électorat conservateur qui peut se dire : ‘Si c’est truqué, pourquoi aller voter ?' », souligne-t-elle.
Un scénario qui ne plaît évidememment pas du tout aux républicains. Le patron du Grand Old Party (GOP), Reince Priebus, a d’ailleurs immédiatement contredit son candidat après le débat sur MSNBC, assurant que Trump sera bien forcé de reconnaître le résultat du vote. Une volonté d’éteindre l’incendie. Car, outre le scrutin présidentiel, une autre angoisse taraude l’état-major du parti de l’éléphant : la majorité du Congrès, remise en jeu lors des législatives qui auront également lieu le 8 novembre.
« Hillary Clinton gagnera très probablement l’élection, mais la question devient : quel sera l’effet sur les candidats républicains au Sénat et à la Chambre des représentants ? », abonde Robert Erikson, professeur de sciences politiques à l’Université Columbia à New York. « Les républicains ont peur de ce que fera Donald Trump dans les trois prochaines semaines. »