Lors du dernier débat organisé le 26 juin, le candidat de 76 ans, favori des sondages (31,3 %, selon les données les plus récentes), avait été mis à mal par ses rivaux, dont la candidate Kamala Harris. Avec son franc-parler, elle avait réussi à la mettre en difficulté et se hisser en deuxième position des sondages, tandis que son adversaire avait chuté, passant de 32 % à 27 % d’opinions en sa faveur.
S’il est vite remonté, c’est parce qu’il est le démocrate le plus à même de battre Donald Trump dans la course finale, selon les sondages réalisés sur tout l’électorat américain et pas seulement chez les démocrates. Une avance par rapport à ses camarades. Pourtant, s’il a « la faveur des militants, ce n’est pas forcément leur préféré, c’est un choix pragmatique », nuance Marie-Cécile Naves, directrice de l’Observatoire « Genre et géopolitique » à l’IRIS, contactée par L’Express.
Selon elle, « Joe Biden incarne le passé, l’ère Obama, il représente la sécurité face au président sortant et une promesse de revenir à l’avant-Trump« , poursuit la spécialiste des États-Unis. Autrement dit, c’est un candidat solide pour combattre l’actuel chef de l’État.
Mais cela va-t-il suffire ? Joe Biden était ressorti affaibli du dernier débat, il devra redoubler d’efforts pour conquérir un électorat jeune et porté sur les questions d’environnement et d’inégalités sociales, soutient encore Marie-Cécile Naves.
En effet, « il a tout à perdre dans un débat où il se reposerait sur ses lauriers, prévient la spécialiste. Il devra se montrer plus agressif et incarner un après-Trump ». Il a d’ailleurs certifié, une semaine avant l’événement, qu’il ne se laisserait pas faire : « Je ne serai pas poli cette fois-ci ». Surtout face à une Kamala Harris qui promet d’être une nouvelle fois incisive. « C’est probable que l’on assiste à des coups d’éclat comme la dernière fois », ajoute Marie-Cécile Naves, et notamment « pour se faire remarquer ».
Le débat de la dernière chance pour les petits candidats démocrates
Car cette soirée est aussi celle de la dernière chance pour les petits candidats, qui espèrent revenir à l’automne à l’occasion de la prochaine série de débats, en particulier ceux qui évoluent dans l’ombre de Joe Biden, analyse Marie-Cécile Naves.
Ceux qui sont sur la même ligne politique que lui manquent de visibilité. Ils pourraient en profiter pour exister sur la scène politique, « au cas où ce ne serait pas Biden », poursuit celle qui a aussi écrit Trump, la revanche de l’homme blanc (éditions Textuel).
Elle cite alors Michael Bennet ou Amy Klobuchar, sénatrice du Minnesota et ancienne procureure. Elle s’était fait remarquer en 2018 avec ses virulentes questions lors des auditions pour la nomination de Brett Kavanaugh à la cour suprême. Ces candidats manquent de popularité médiatique, contrairement à Kamala Harris par exemple, qui existe déjà médiatiquement et sur les réseaux sociaux.
Ces sujets qui pourraient faire basculer les tendances
Pour se distinguer, le choix des sujets sera primordial pour les démocrates. Selon Marie-Cécile Naves, les candidats seront « confrontés à une alternative : soit se focaliser sur des sujets en opposition à Trump, comme le racisme, l’immigration, ou se concentrer sur un agenda constructif, réfléchi en abordant les questions d’environnement, d’inégalités sociales, la dette étudiante… Des thématiques de gauche classiques, mais qui ne sont pas dans la politique quotidienne ».
En résumé, ils auront le choix entre « donner l’impression de pouvoir battre Trump, ou donner l’image de quelqu’un qui est dans une position construite avec un agenda et oublier les thèmes imposés par Trump ».
Selon Real Clear Politics, le président perdrait face à Joe Biden ou Bernie Sanders dans les urnes le 3 novembre 2020, alors qu’il s’imposerait de peu face à Elizabeth Warren ou Kamala Harris. Mais Marie-Cécile Naves rappelle que, d’ici un an, les choses peuvent « énormément évoluer ». Le premier vote de la primaire démocrate aura lieu dans l’État de l’Iowa, le 3 février 2020.