Écoles privées britanniques : liberté religieuse ou communautarisme ?

Dans Le Monde daté du 19 octobre, un reportage de Virginie Malingre nous apprend que le port du voile intégral a été rendu obligatoire pour les jeunes filles dans certaines écoles privées musulmanes du Royaume-Uni. La journaliste cite le Daily Telegraph, qui lui-même rapporte les paroles du responsable d’un de ces établissements d’enseignement secondaire : « ce qui est considéré comme acceptable dans les écoles normales peut être considéré comme inacceptable [au sein de notre école] ». Le lecteur s’interroge sur le sens que cette personne donne aux adjectifs « acceptable » et « normales » : est-ce à dire que les institutions scolaires religieuses sont « anormales » ? Mais peut-être que cela veut simplement dire, ici, « pas dans la norme »… Quant au mot « acceptable », renvoie-t-il à des mœurs ou habitudes jugées dépravées ou, plus fondamentalement peut-être, à ce que la loi autorise, voire garantit, dans une démocratie ?…  

On apprend également dans ce même article que ces décisions d’obliger les collégiennes et lycéennes à revêtir burqa ou autre niqab ont généré une controverse outre Manche. La journaliste rappelle à bon escient qu’elles n’ont toutefois rien d’illégal, parce que la liberté religieuse est grande en Grande-Bretagne, tant elle censée participer de « l’organisation sociale » – héritage protestant oblige. « Religion » vient du reste du latin « religare », qui signifie littéralement « relier ». 

Certains objecteront que lorsque la liberté de religion – ou plutôt d’interprétation radicale de la religion, ce qui, de facto, n’est pas la même chose -, prime dans les écoles, avec l’aval des pouvoirs publics, cest un chèque en blanc donné aux extrémistes, qui risquent d’être les plus enclins à profiter de cette liberté. Auquel cas, celle-ci ne pourrait plus signifier « libre choix individuel », encore moins « émancipation ». Ajoutons qu’une critique du multiculturalisme britannique avait été formulée, en des termes très virulents, à la suite des attentats de juillet 2005 à Londres. 

Dans un pays comme le Royaume-Uni, il est plus difficile qu’en France de déterminer à partir de quand la pratique religieuse radicale met en péril le vivre-ensemble et, plus encore, les libertés fondamentales des individus (de pensée, d’opinion, de disposer de son corps, etc.). On l’a bien vu, chez nous, lors du débat sur le port de la burqa. 

Cet exemple de quelques écoles musulmanes privées britanniques illustre donc bien l’idée que le communautarisme est une notion – bientôt un concept ? – absolument subjective, tant sa définition dépend étroitement du contexte national, régional et/ou culturel dans lequel elle s’inscrit. 

Un sujet toujours aussi passionnant (et passionné), donc…