« Vox populi, vox dei »… Á quand des « Tea Parties » en Europe ?

Dans le Wall Street Journal Europe daté du 11 octobre dernier, le député européen britannique conservateur Daniel Hannan estime que les Tea Parties ont été mal compris en Europe et, de ce fait, injustement dénigrés, y compris par les Tories au Royaume-Uni. Il déplore qu’on les voie comme des illuminés ou des red necks racistes et nostalgiques de l’époque du far west, où régnait la loi du plus fort, alors qu’ils partageraient certaines aspirations de beaucoup d’entre nous, de ce côté-ci de l’Atlantique.

Les Tea Parties, explique en effet D. Hannan, revendiquent moins d’État et moins d’impôts, et c’est ce point surtout qu’il faudrait retenir de leur programme. C’est également ce qui expliquerait leur succès outre-Atlantique, et non pas les positions extrémistes de « quelques-uns », dont les médias sont friands.

Importer les Tea Parties ? Impossible…

Néanmoins, semble regretter D. Hannan, un tel mouvement politique ne pourrait exister en Europe. D’une part, les États-Unis sont le fruit d’une révolte populaire tout à fait unique contre les institutions colonisatrices britanniques, laquelle explique en partie la persistance d’une tradition de défiance des citoyens contre les impôts et contre un État « trop » investi dans la société.

De l’autre, les systèmes électoraux européens, structurellement, rendraient impossible l’expression des revendications collectives issues du terrain : les candidats aux élections ne seraient pas réellement choisis par le peuple. Celui-ci serait donc in fine mal représenté par ses élites, qui n’agiraient pas vraiment pour ses intérêts. Or, c’est seulement avec des grassroot movements comme ceux des Tea Parties que les électeurs européens parviendraient à contraindre leurs dirigeants de baisser les impôts.

Ce point de vue à contre-courant, voire iconoclaste a le mérite de la franchise. Néanmoins, il faut rappeler que le vieux continent européen a connu le fascisme et que c’est notamment pour cette raison qu’il se méfie de la démocratie directe – jamais complètement ou très longtemps « populaire », parce que très vite récupérée par des leaders essentiellement soucieux de préserver ou d’imposer leurs propres intérêts. C’est du reste aussi le cas des Tea Parties, dont la dimension grassroots ressemble fort, avant tout, à un outil marketing (voir notre article du 1er octobre dernier).

En France, certains tenants d’un système politique plus à l’écoute du peuple oublient parfois que le scrutin majoritaire ou encore le Conseil constitutionnel ont été voulus pour éviter un nouveau régime de Vichy. 

(Merci à Buster Burk de nous avoir signalé l’article du WSJ).