Obama et les Tea Parties : vers un échange de bons procédés ?

Interrogé par Le Figaro, Phil Kerpen, le vice-président d’un think tank pro-Tea Parties, Americans for Prosperity (voir mon article du 1er octobre dernier), estime que ce dernier est une « organisation de terrain », décentralisée, qui n’est contrôlée par personne. Il répond ainsi aux critiques démocrates, émanant notamment du Président Obama.

Car ce dernier a bien perçu, chez les financeurs des Tea Parties, la défense d’intérêts avant tout industriels et particuliers. Selon P. Kerpen, Barack Obama, qu’il décrit comme un homme de « gauche », devra néanmoins, à l’issue des élections de mi-mandat, tenir compte de la montée en puissance des Tea Parties, sinon il y aura une « levée de boucliers » de la part du peuple américain. Son intérêt serait en outre de gouverner au centre – ni droite, ni gauche -, ce qui satisferait le mouvement Tea Party, désormais une « troisième force clé » qui, pourquoi pas ?, pourrait décider de « servir le président ».

Une telle déclaration a de quoi étonner tant l’aversion que les Tea Parties ont affichée pour B. Obama depuis un an et demi. Mais si l’on y regarde de plus près, elle prouve à elle seule qu’ils ne sont pas si « grassroots » que cela, autrement dit qu’il y a, d’un côté, les rassemblements médiatisés et mis en scène et, de l’autre, des responsables qui calculent ce que, derrière les slogans populistes, ils ont concrètement à gagner.

Elle indique aussi que les relations entre le parti républicain et les Tea Parties sont, à l’image d’un mariage arrangé, chaotiques et incertaines, parce que de circonstance. Du reste, P. Kerpen ajoute dans cet interview que « si les républicains refusent de tirer les leçons de ce scrutin et de mettre en œuvre des politiques d’austérité, on pourrait voir apparaître un troisième parti ». 

Ce dernier point est peu probable mais sonne comme un avertissement. Quant à savoir si B. Obama, même affaibli par les résultats des midterm elections, se résoudra à se rapprocher des Tea Parties pour écouter son peuple et nuire au parti de l’éléphant, c’est un pari que peu se risquent à faire !