Power to the people ? Voire… !

La victoire du camp républicain aux États-Unis lors des midterms est-elle, avant tout, celle du peuple américain contre l’establishment, comme les élus du Grand Old Party, par la voix du nouveau speaker à la Chambre des représentants, John Boehner, le clament depuis mardi ?   

Á la vérité, ce serait (comme on s’y attendrait) trop simple pour être vrai. Une fois en place à Washington, il faudra en effet à Rand Paul et Marco Rubio – les deux sénateurs issus du Tea Party – et à beaucoup d’autres ranger dans un tiroir, et au moins jusqu’à la prochaine campagne, leurs slogans populistes et travailler pour le compte de ce même establishment…  

Et là, deux possibilités. Ils risquent de se retrouver comme Chérubin que Figaro envoie à l’armée : perdus, désemparés, pris d’un sentiment d’imposture. Ou bien, au contraire, profiter d’être au cœur du système pour tenter de l’orienter dans leur direction idéologique : outre les blocages des choix du Président Obama – notamment en ne votant pas les budgets nécessaires à leur mise en place -, la construction ou la consolidation de réseaux d’influence en faveur d’intérêts industriels et économiques auxquels ils sont sensibles, des relais puissants pour les lobbies de l’énergie ou de la finance, etc.

Qu’ils se rassurent également : les battu(e)s des Tea Parties de mardi dernier continueront sans nul doute leur croisade populiste ou la reprendront – dans sa forme actuelle ou sous une autre -, à l’automne 2012, en vue de l’élection présidentielle.