Interviewée par « Slate » sur les « collectifs » de citoyens du Front National

Interview réalisée par Mathieu Martinière et publiée le 7 septembre 2014.

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Après « Marianne », chez les étudiants, et « Racine » chez les enseignants, Le Front National va lancer un nouveau « collectif » de citoyens, nommé « Audace ». Il regroupera des jeunes actifs de 25 à 35 ans, recrutés dans tous les milieux sociaux.

En 2015, des collectifs thématiques sur le logement et le social devraient également voir le jour.

L’idée est, d’une part, de se rapprocher des électeurs, notamment de catégories professionnelles qui étaient jusque là traditionnellement éloignées du FN (mais qui ne le sont plus), et, d’autre part, de récolter des idées, des propositions, des réflexions, loin des experts habituels et notamment des think tanks. Le Front National n’a jamais réussi à créer de think tank, et du reste n’a eu de cesse de fustiger – non sans contradiction – ce qu’il estime être des « corporatismes d’intellectuels parisiens », soumis aux « intérêts des puissants ».

Voici les extraits de l’article où je suis interviewée :

« La stratégie des petits pas de Marine Le Pen »

« Ce n’est pas la première fois, dans l’histoire du parti, que le Front national essaye de créer des réseaux d’influence dans la société civile. Autant de tentatives que d’échecs. Dans les années 1990, un syndicat, le Renouveau étudiant, associé au FNJ, revendiquait plus de 1.000 adhérents, selon Libération, mais a été dissous en 2000. A l’université Lyon-III, autour de personnalités comme Bruno Gollnisch ou Bernard Lugan, un courant nationaliste s’était développé chez les enseignants-chercheurs, au point qu’uneCommission sur le racisme et le négationnisme à l’université Jean-Moulin Lyon-III sera mise en place en 2001 par Jack Lang, alors ministre de l’Education nationale.

Toujours dans les années 1990, sous l’impulsion du polytechnicien Bruno Mégret, alors délégué général du parti, de nombreux syndicats étiquetés Front national avaient fait leur apparition: FN-Police, FN-Pénitentiaire, FN des locataires, FN-Poste ou encore FN-RATP. Mais la justice s’en était mêlée et, le 10 avril 1998, un arrêt de la Cour de cassation avait invalidé les syndicats FN-Police et FN-Pénitentiaire.

Pour la politologue Marie-Cécile Naves, codirectrice du Dictionnaire de l’extrême droite, «le FN veut faire aujourd’hui un peu du Mégret. Mais l’électorat est très différent des années 1980 et 1990. Ce n’est plus un électorat de notables. Ils partent du terrain, du bas, pour discuter des idées».

(…) «Ce n’est pas seulement un outil de communication, c’est une vraie stratégie politique. Ils essayent de rentrer dans des milieux qui traditionnellement votaient peu pour le FN. C’est la stratégie des petits pas de Marine Le Pen» ().

Lire l’article sur le site de « Slate ».