Le « soft power » du sport : un potentiel encore trop peu exploité en France

Article publié dans la revue Jurisport de janvier 2015.

Le « soft power » se définit comme l’ensemble des influences indirectes qu’un pays peut avoir en matière diplomatique ou encore économiques dans un domaine en particulier. Le sport constitue un domaine où les stratégies de « soft power » trouvent toute leur place, comme l’illustre le Brésil.

En accueillant tour à tour les deux plus grands événements sportifs au monde (Coupe du Monde de football ; Jeux Olympiques d’été), la 7e puissance économique mondiale (2,3% de croissance sur l’année écoulée) se positionne de facto comme un pays qui compte sur la scène internationale. Dans la même lignée, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud constituent autant de candidats émergents qui modifient la situation et imposent tacitement aux fédérations internationales une alternance entre les continents.

Or, nul ne peut nier aujourd’hui l’importance stratégique de ces événements. La situation n’est pas nouvelle, mais elle revêt une importance particulière car certains Etats font du sport un outil de rayonnement à part entière. Le Qatar (2 millions d’habitants) s’est ainsi bâti en une décennie une solide réputation internationale en investissant massivement dans le sport, que ce soit à Paris (rachat du Paris-Saint-Germain, du prix de l’Arc de Triomphe, etc.) ou à Doha (création de l’immense complexe sportif Aspire, accueil de la Coupe du Monde de football 2022, etc.). On voit bien que le sport s’intègre déjà dans une stratégie plus large de soft power et de développement stratégique.

Au niveau économique, le potentiel du sport comme outil de soft power est tout aussi vrai. Selon une étude du cabinet PriceWaterHouseCoppers (2012), l’économie du sport – qui comprend notamment le sponsoring, les droits de retransmission médiatique des compétitions, la billetterie, le merchandising, mais aussi les enjeux plus indirects en termes d’attractivité du territoire français, de création d’emplois, voire de santé publique – progresse de manière cyclique plus vite que l’économie mondiale. Cette progression serait pour la France de 3,7% par an en moyenne, pour atteindre 4,1 milliards d’euros en 2015.

Dans un contexte d’allongement de la carrière professionnelle et de flexibilité accrue de l’emploi, la Responsabilité Sociétale des Entreprises impose de se préoccuper du sport et de l’activité physique sur le lieu de travail. En effet, la pratique modérée et régulière, notamment au travail ou pendant le temps de travail, permet de lutter contre les maladies professionnelles, de combattre la sédentarité plus présente chez certains groupes spécifiques de la population (ouvriers, femmes, seniors, personnes souffrant de maladie ou en situation de handicap…) et d’améliorer le bien-être au travail (France Stratégie, 2012).

Cette liste, qui n’est certainement pas exhaustive, donne une idée de l’ampleur du potentiel diplomatique et économique du sport, amateur et professionnel, de compétition et de loisirs. Il apparaît donc très important de l’encourager, grâce à une gouvernance du sport efficace et ambitieuse. Envisager un secteur de la société de manière différente participe aussi d’une démarche d’innovation.

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Article co-écrit avec S. Landa, directeur adjoint de « Sport et Citoyenneté » et publié dans la revue Jurisport de janvier 2015.