Donald Trump, le Jean-Marie Le Pen américain

Aux Etats-Unis comme de ce côté-ci de l’Atlantique, médias et réseaux sociaux s’affolent : le milliardaire excentrique Donald Trump est en tête des sondages pour les primaires républicaines, en vue de l’élection présidentielle de 2016.

Cela n’amuse pas ses concurrents du Grand Old Party qui sont en train de se liguer contre lui. Outre qu’il leur vole la vedette, il décrédibilise le message du parti qui veut absolument bannir les sound bites (« petites phrases ») racistes, homophobes et sexistes pour cette nouvelle campagne. Or, en affirmant que les immigrés sont des « délinquants » et des « violeurs », D. Trump n’a pas fait dans la dentelle. Sur une photo de campagne qui a circulé sur Twitter figuraient en fond des Waffen SS… Avant qu’ils ne soient retirés, l’équipe de Trump plaidant l’erreur. Peu lui importe car il est en train de réussir son coup : on ne parle que de lui. Ses récents propos sur John McCain n’ont fait qu’entretenir le phénomène. Il a en effet déclaré à son sujet : « ce n’est pas un héros de guerre. C’est un héros de guerre parce qu’il a été capturé. J’aime les gens qui n’ont pas été capturés, je suis désolé de vous le dire, OK ? ».

Ses provocations lui attirent les caméras et les micros autant que les critiques et c’est exactement ce qu’il recherche, même si le Huffington Post a décidé de couvrir sa campagne dans la rubrique « divertissement ». Ce n’est pas la première fois qu’il prétend se présenter à l’élection suprême et, comme par le passé, il y a fort à parier qu’il se retirera avant la fin… sauf si les sirènes de la popularité sont trop fortes, le conduisant à se présenter en tant que « troisième homme », « à la Ross Perot », en cas de défaite aux primaires. D. Trump finance lui-même sa campagne, grâce aux revenus issus de sa fortune personnelle estimée à plusieurs milliards de dollars. Mais cela ne suffira pas – les observateurs estiment à un, voire à deux milliards de dollars minimum la somme que devront récolter chacun des deux candidats républicain et démocrate pour espérer l’emporter en novembre 2016. Pour le moment, Trump est le candidat anti-système et c’est ce qui plaît – un avertissement que Jeb Bush devra prendre au sérieux pour la suite de la compétition.

Ce qui l’attire, ce n’est pas le pouvoir, c’est d’être dans la lumière, de jouer au tribun. Un peu comme Jean-Marie Le Pen en France, surtout du temps où celui-ci était ultra-libéral sur le plan économique. Baisse drastique des impôts pour les plus riches, critiques des pauvres qui ne sont rien d’autre que des « paresseux » – notamment dans les minorités ethniques et « raciales » -, strict contrôle des flux migratoires… Trump fait valoir son statut d’homme d’affaires pour être le PDG d’une Amérique des « winners ».

Son score élevé dans les sondages, loin devant Scott Walker, Jeb Bush et Marco Rubio, devrait lui permettre de participer aux premiers débats télévisés, début août. Un comble pour certains de ses adversaires, au premier rang desquels Rick Perry, qui a qualifié de « cancer pour le conservatisme » celui qui risque fort de l’évincer sur les grandes chaînes de TV. Les autres misent plutôt sur le long terme et les débats de fond qui devraient, logiquement, lasser le populiste mégalomane qu’est D. Trump.