Invitée de l’émission « On n’arrête pas l’éco » sur France Inter, sur le livre « Talents gâchés », le 24 octobre 2015

Capture d’écran 2015-10-11 à 21.20.04Le 24 octobre 2015, j’étais invitée dans l’émission « On n’arrête pas l’éco », sur France Inter, présentée par Marion L’Hour, pour parler du livre « Talents gâchés », que j’ai co-écrit avec Virginie Martin.

Les autres invités étaient Christian Chavagneux, éditorialiste à « Alternatives économiques » et « AlterEcoPlus », et Emmanuel Lechypre, éditorialiste à BFM TV et BFM Business, ainsi que Guy Maugis, PDG France de Bosch.

Le thème de l’émission était l’anniversaire des 10 ans des émeutes en banlieue.

Je suis revenue sur les principaux arguments du livre, où nous expliquons que les discriminations liées à l’origine occasionnent une perte de richesse pour la France. De nombreux travaux ont montré que lorsqu’on est perçu comme d’origine maghrébine, notamment, on a beaucoup moins de chances de trouver un travail et de progresser dans une hiérarchie professionnelle, et ce, à diplôme égal. La jeunesse de banlieue est toujours vue comme un poids pour la société française alors qu’elle fait partie intégrante de cette société et qu’elle a beaucoup à apporter : elle est diplômée, elle a parfois une double culture, parle plusieurs langues, est connectée, elle consomme, elle a envie de réussir, elle possède une expertise en matière de bénévolat et de création d’entreprise, etc. Les discriminations qu’elle subit sont de la croissance confisquée pour notre pays. Les manques à gagner en termes de consommation, et de cotisations sociales sont énormes. C’est un gâchis de talents.

Les Etats-Unis ne s’y trompent pas qui investissent dans nos quartiers. Nous pouvons renvoyer le lecteur aux calculs micro- et macro-économiques que nous faisons, sur les coûts réels et les coûts d’opportunités de cette discrimination que l’on peut estimer à plusieurs milliards par an.

Par ailleurs, l’ouvrage propose un certain nombre de pistes, pour inverser le regard sur cette jeunesse stigmatisée. Les représentations dominantes associent le multiculturalisme à un problème alors qu’il est une richesse dans une société complexe et ouverte sur le monde comme la nôtre.

Nous invitons le monde du travail à mieux reconnaître les compétences informelles des candidats (notamment le bénévolat, cela fait longtemps que je plaide pour cela) et linguistiques (savoir parler arabe est un atout dans l’économie mondialisée). Nous promouvons l’idée d’un CV par compétences à Pôle emploi et dans les formations de DRH. Il faut aussi créer des réseaux d’emplois élargis, des viviers de diplômés qui ne sont pas issus des circuits traditionnels.

Il importe également d’informer les entreprises sur leur gain de productivité lié à la non-discrimination : des entreprises américaines le font pour les femmes, par exemple.

Le but est de recréer de la confiance, de créer une dynamique positive : discriminer, c’est entretenir la défiance, c’est se priver de regards et d’expériences différents, et de processus de promotion professionnels nouveaux. La France de demain se construit aussi dans les quartiers.

(Livre co-écrit grâce au soutien du Think tank different et de l’ACSE-CGET)

Pour écouter l’émission en podcast :