INTERVIEW pour le journal de 13h de France Inter sur Trump, le 9 août 2016

CaptureLe 9 août 2016, j’étais interviewée dans le journal de 13h de France Inter sur les élections américaines.

Il s’agissait en particulier de commenter le programme économique de Donald Trump, et les divisions persistantes du parti républicain vis-à-vis de son candidat investi.

Trump s’est ainsi exprimé sur la fiscalité, les régulations en matière écologique et le commerce extérieur. Il a fait son discours à Detroit, dans cette « Rust Belt » si cruciale pour lui le 8 novembre. Detroit est en effet une ville qui a connu un fort déclin industriel avec la crise de 2008. C’est une manière de séduire la working-class, car Trump veut aussi toucher l’électorat de Sanders – pour l’instant avec un faible succès.

Le propos, très général, qui est le sien est largement contredit par ses propositions concrètes. Il prétend s’adresser aux classes moyennes et populaires alors qu’en réalité son programme s’inscrit dans l’orthodoxie du parti républicain et favorise les plus aisés (suppression de l’impôt sur les successions, baisse de la taxation sur les entreprises, etc.). Du reste, il a été élaboré par des experts qui sont des banquiers et des millionnaires (et tous des hommes, majoritairement blancs). Ce qui met à mal son discours d’être « hors système ».

Ce sont les vieilles recettes de la théorie du ruissellement (« trickle-down economics ») : la prospérité serait garantie à tous grâce à des baisses d’impôts et une dérégulation notamment en matière de politique énergétique. A une époque, Trump garantissait une croissance économique annuelle de 6%, ce qui est peu crédible.

Cependant, il fait aussi une promesse de protectionnisme économique, censée parler aux plus modestes, mais pourra-t-il la mettre en pratique ? (refus de la TPP, renégociation de l’Alena, fortes taxations des importations chinoises…)

Il veut par ailleurs annuler le plan écologique de Barack Obama et l’accord de Paris de 2015 sur le climat – ce qu’il ne peut décider seul, une fois élu. Il prétend développer l’exploitation des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole de schiste) : le développement durable n’est pas envisagé comme un investissement sur l’avenir mais comme un frein à la croissance. La vision climato-sceptique de Trump est à court terme. En cela, elle s’inscrit bien, elle aussi, dans le projet des Républicains.

Mais au-delà, tout ceci fait aussi partie de son storytelling sur l’identité américaine : l’économie du pays doit se couper du monde.

Réécouter l’interview (à partir de la 15e minute).