INTERVIEW pour LCI sur Gary Johnson (élections US)

Interview réalisée pour le site de LCI, le 6/09/16.

1259126-candidat-libertarien-maison-blanche-garyLe candidat libertarien grappille chaque semaine des intentions de vote supplémentaires dans les sondages. Résultat, il obtient désormais 10% des voix. Un succès gênant pour Hillary Clinton et Donald Trump.

« C’est un candidat qui peut faire basculer l’élection », assure à LCI Marie-Cécile Naves. Selon la politologue et chercheuse associée à l’IRIS, « Gary Johnson peut prendre des voix à Hillary Clinton autant qu’à Donald Trump et, avec un écart aussi resserré entre ces deux derniers (…), il peut changer la donne. »

Un succès au goût de revanche pour cet homme de 63 ans. Car déjà, en 2012, l’ancien gouverneur du Mexique (sous l’étiquette républicaine) avait tenté sa chance. Sauf qu’il n’avait obtenu que 1% des voix face à Barack Obama et Mitt Romney. Depuis, la donne a changé. Déjà car Gary Johnson affronte deux candidats souffrant d’une impopularité considérable : 56 % des électeurs ont une image négative de la candidate, un chiffre qui grimpe à 60% pour son rival républicain, selon un sondage ABC News/Washington Post. « Dans chacun des deux camps, beaucoup de gens sont réticents à voter pour leur candidat naturel », précise Marie-Cécile Naves.

« Un besoin de renouvellement politique »

En outre, le candidat libertarien a élaboré des mesures qui peuvent séduire l’électorat des deux camps. Côté républicain, Gary Johnson peut attirer des électeurs dans son giron avec ses propositions en faveur de moins d’État, moins d’interventionnisme et contre la réglementation des armes à feu. Côté démocrate, ses mesures sociétales séduisent : il plaide pour la légalisation de la marijuana, estime que « l’immigration est une bonne chose » et considère que l’avortement relève du libre-arbitre. Un grand écart qu’il résume derrière une formule simple : « Je suis fiscalement conservateur et socialement libéral. »

« Il y a un besoin de renouvellement politique, un peu comme chez nous, sur lequel s’appuie Gary Johnson », abonde la politologue. Pour cela, ce fils d’une employée de bureau et d’un enseignant aborde des sujets peu évoqués par les deux autres candidats. En particulier  par le magnat de l’immobilier. « Gary Johnson fait surtout du mal à Donald Trump. Sur la question des mœurs, le républicain reste assez disert. Déjà car cela ne l’intéresse pas, et car il n’a pas envie de froisser l’électorat ultra-conservateur ni l’électorat ultra-libertarien. »

Homme de défi – il a couru plusieurs triathlons et gravit l’Everest-, Gary Johnson aborde la dernière ligne droite en espérant grappiller encore quelques points dans les différentes études d’opinion. Car franchir la barre des 15% lui permettrait en effet d’obtenir une place dans les fameux débats télévisés qui vont débuter le 26 septembre. Pour Marie-Cécile Naves, « le suspens est garanti jusqu’au bout. Cela lui donnerait une portée nationale énorme. »

(Crédit photo : Scott Morgan, Archives AP)