RECENSION de « Trump, l’onde de choc populiste » dans « La Croix »

Article de Gilles Biassette, publié dans "La Croix", le 20/09/16.

Republican U.S. Presidential nominee Donald Trump attends a campaign event at Briar Woods High School in Ashburn, Virginia, U.S. August 2, 2016. REUTERS/Eric Thayer - RTSKQZ5
Republican U.S. Presidential nominee Donald Trump attends a campaign event at Briar Woods High School in Ashburn, Virginia, U.S. August 2, 2016. REUTERS/Eric Thayer – RTSKQZ5

Trump, analyse d’un phénomène américain

La politologue Marie-Cécile Naves décrypte l’ascension de Donald Trump et les risques qu’elle fait peser sur la démocratie américaine.

Donald Trump à la Maison-Blanche ? Il y a quelques mois, cette hypothèse faisait sourire. Il aura fallu de longues semaines pour que journalistes et politologues prennent au sérieux la candidature du magnat de l’immobilier. Les prétendants à l’investiture républicaine, eux, ne mesureront l’ampleur du phénomène qu’une fois qu’il les aura dévorés, les uns après les autres.

Ce sont les ressorts de cette ascension foudroyante qu’analyse Marie-Cécile Naves, politologue spécialiste des États-Unis, dans un petit ouvrage très clair et très instructif. L’auteure étudie le personnage, mais se penche aussi sur le contexte. À savoir les divisions d’un parti républicain à la dérive entre deux ports – le port de l’angoisse des électeurs blancs fragilisés par la mondialisation, et la marina clinquante des hommes d’affaires triomphants.

Un populisme à géométrie variable

L’homme, habile, que décrit Marie-Cécile Naves est, au final, « adepte d’un populisme à géométrie variable ». Entrepreneur, il fait fabriquer les produits de ses marques en Asie ; candidat, il dénonce les ravages du libre-échange et accuse la Chine, coupable du « vol d’emplois ». Membre, de naissance, de l’Amérique aisée, il propose d’en finir avec l’impôt sur les successions ; nouveau porte-drapeau des classes moyennes blanches, il promet de tirer un trait sur les impôts de millions de foyers, grâce à la suppression de niches fiscales favorables aux « riches ».

Quel serait le visage du Donald Trump de la Maison-Blanche ? Difficile à dire. Les Américains, en colère contre la classe politique, sont-ils prêts à prendre le risque du saut dans l’inconnu ? Peut-être. Le candidat républicain « porte le projet, populaire, d’un retour à une Amérique blanche qui n’a sans doute jamais existé, mais que beaucoup, animés par la peur, la rancœur et le souci de « l’entre soi », espèrent », écrit Marie-Cécile Naves.