Quelles stars à l’investiture de Trump ? Un enjeu de « soft power »

Deux défis se posent pour l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier prochain à Washington. Le premier est celui de la sécurité. Si les cérémonies intronisant George W. Bush en 2001 (suite à la controverse sur le recomptage des voix) et 2005 (après le 11 septembre) et Barack Obama en 2009 (en raison de la menace d’un attentat raciste) étaient sous haute tension, celle qui se prépare nécessite un niveau inédit de sécurité, de l’avis des responsables du protocole.

Un grand nombre de manifestations anti-Trump sont prévues et l’objectif et de les tenir à une distance maximale du Président élu comme des centaines de milliers de supporters de ce dernier, également attendues sur place. Sans parler d’un risque très élevé d’attentat contre la personne même de Trump.

Le second défi consiste, pour l’équipe du nouveau Président, à trouver des stars non ringardes pour l’occasion. La question est notamment de savoir qui chantera l’hymne américain, comme le veut la tradition. En janvier 2009, c’était Aretha Franklin et, en 2013, Beyoncé qui avaient dit oui à Obama. Pour l’heure, à moins que le staff de Trump n’entretienne le suspense comme il aime le faire, il semble avoir du mal à convaincre un(e) chanteur(se) connu(e). La liste de celles et ceux qui ont refusé l’invitation s’allonge : Andrea Bocelli, Céline Dion, Elton John, Justin Timberlake, le groupe Kiss. Seul le nom de Jackie Evancho, une ado qui s’est fait connaître grâce à l’émission de téléréalité « America’s Got Talent », est avancé. Mais ça fait tout de même un peu « cheap ».

Et l’enjeu est important : celui du « soft power » de Trump. Pour l’heure, il a une image démodée, négative puisque le secteur de la mode se détourne aussi de lui. Ses propos misogynes, racistes et homophobes ne « matchent » pas avec le secteur du luxe. Ou plutôt avec sa communication. Même chose pour les nouvelles technologies. C’est un sujet sur lequel la famille Trump devra se pencher.

Pendant la campagne, le monde du spectacle et de l’entertainment s’était fortement engagé en faveur de Hillary Clinton. Trump n’apprécie pas que les stars lui tournent le dos une nouvelle fois. Et comme à son habitude, pour l’exprimer, il a publié un tweet : « Les prétendues célébrités de première catégorie veulent toutes des billets pour l’investiture, mais regardez ce qu’elles ont fait pour Hillary, RIEN. Je veux le PEUPLE ». On sent l’ironie mais aussi la colère dans ce message car, après tout, Trump ne doit-il pas lui-même largement son succès à l’industrie du divertissement ?

Dans cette ambiance étrange, le soutien du rappeur Kanye West au nouveau Président ne passe pas inaperçu. S’il affirme ne pas avoir voté le 8 novembre dernier, il se dit « ami » avec Donald Trump. On se souvient qu’il s’était déjà prétendu proche d’Obama, ce que ce dernier avait vigoureusement démenti. En août 2015, à l’occasion des MTV Video Music Awards, West avait avoué envisager d’être candidat à la présidentielle de 2020. Ce qui lui avait valu une autre pique d’Obama : Kanye West « se croit dans un show télévisé », avait-il ironisé. Une phrase qui, aujourd’hui, prête à réfléchir. Et ne fait plus rire personne.