« Le pouvoir du sport » (FYP, 2017) Avec Julian Jappert

LePouvoirDuSport-V1.indd

Extraits de l’introduction :

Les enjeux dont le sport est porteur sont immenses, mais demeurent sous-estimés dans notre pays par la plupart des responsables politiques, des leaders économiques, des médias et des dirigeants sportifs eux-mêmes.

Le sport se voit endosser de nombreux discours et injonctions tout en étant souvent considéré comme trivial et secondaire. Un jour, on le pare de toutes les vertus pour, le lendemain, l’accuser de tous les maux. Tantôt glorifié, tantôt mal-aimé, le sport n’est que rarement appréhendé dans ses atouts multiples et complexes. Par essence, de façon automatique, voire incantatoire, le sport, réduirait les inégalités, canaliserait la violence des hommes et des garçons et serait un facteur d’intégration et de vivre-ensemble harmonieux. Mais à cause de certaines dérives, il serait aussi le règne de l’argent-roi, de la corruption et du dopage.

Tout ou rien. Ange ou démon. Comment expliquer ce basculement entre deux visages extrêmes, antagonistes, incompatibles du sport ? Comment dépasser ces promesses de pureté et en même temps contrecarrer ces accusations de mystification ? En acceptant d’aller au-delà des affirmations convenues et obsolètes et de changer en profondeur certaines habitudes mortifères. Si nous ne nous attelons pas à cette tâche, d’autres le feront, animés d’ambitions peu vertueuses.

Face à la crise démocratique, il nous faut utiliser des moyens nouveaux et innovants pour recréer un récit commun, une ambition collective pour le sport, dans lesquels les jeunes générations puissent s’engager, quels que soient leur milieu social, leur sexe, leur territoire de vie et leur condition physique.

(…)

Santé et bien-être, nouvelles mobilités, solidarité intergénérationnelle, défense des pluralismes culturels, égalité entre les femmes et les hommes et entre les filles et les garçons, lutte contre l’exclusion sociale, accessibilité des équipements, prise en compte des impératifs écologiques, identité européenne et valorisation des territoires, combat contre les discriminations faites aux LGBT sont quelques exemples de terrains politiques, progressistes, du sport.

Mais pour être une source d’inspiration des décideurs, il doit être irréprochable dans son fonctionnement. Il est donc impératif que les institutions et les responsables sportifs ainsi que les relais médiatiques fassent preuve d’exemplarité sur tous ces sujets.

Le soft power du sport est complexe, multiforme et évolutif. Il ne se limite plus à sa définition première, issue de la géopolitique. Il faut donc passer d’un sport sous influences à un sport qui influence. Secteur d’activité mal connu, mal gouverné, sous-utilisé, le sport est victime de nombreuses dérives et incarne trop peu les vertus derrière lesquelles il s’abrite. Or sa puissance médiatique et l’attrait qu’il exerce, en particulier sur la jeunesse, doivent permettre non seulement d’accentuer son rôle dans la diplomatie, mais aussi dans l’ensemble des politiques publiques nationales et européennes.

Sommaire :

Introduction : Le sport, un objet politique

I – Qu’avons-nous fait des « valeurs du sport » ?

1— Les femmes toujours au second plan

2— Réconciliation ou domination « raciale » ?

3— Le dopage : vaincre à tout prix

4— Très chers stades

5— Les sportifs comme marchandise : l’exemple du football

II – Relations internationales : un sport power à consolider

1— Diplomatie par le sport

2— Diplomatie du sport

3— Une corruption systémique ?

4— Des réformes nécessaires

III – Le sport au service de la société

1— L’activité physique et sportive à des fins de santé

2— L’enjeu écologique

3— Les bénéfices du sport au travail

4— Un vecteur d’émancipation et de cohésion sociale

Conclusion : Le sport, un modèle économique et sociétal à créer