Trump-Macron : le désamour ?

Matinale de France Info, le 14/11/18

Le 14 novembre 2018, j’étais invitée dans le 5/7 de France Info pour décrypter les dernières déclarations, par tweets, de Trump à l’égard d’Emmanuel Macron et de la France.

En amont, pendant et en aval de sa visite parisienne, Trump a tweeté à ce sujet, mais il n’a que très peu parlé du sujet de cette visite. Il a insisté sur l’importance que les Etats-Unis soient traités équitablement par ses partenaires en matière de commerce et de dépenses militaires. En écrivant que « la France taxe les vins américains », il s’en prend à un symbole de notre pays, sachant que cela va faire réagir. Il a également tweeté que « Le problème est qu’Emmanuel souffre d’une cote de popularité très faible en France, 26 %, et d’un taux de chômage de près de 10 %. (…) Par ailleurs, il n’y a pas de pays plus nationaliste que la France, un peuple très fier et à juste titre ! ».

Cette série de tweets hostiles, qui nous contraint à l’interprétation, au commentaire, confirme que Trump n’a pas apprécié le storytelling de la paix et de la réconciliation, de la coopération entre les nations qui a été de mise les 10 et 11 novembre à Paris. Il a donc cherché à imposer le sien : militaire, nationaliste ; il a fait « bande à part », montrant que les Etats-Unis décident, qu’ils sont seuls contre tous. Il a fait mine de « bouder » une partie des cérémonies auxquelles il avait insisté pour participer

Après son entretien avec Emmanuel Macron, samedi, il a décidé de ne pas participer à la visite d’un cimetière militaire et d’un mémorial de la Première Guerre mondiale dans l’Aisne, officiellement « à cause du mauvais temps », et il a choisi de prononcer un discours au cimetière américain de Suresnes plutôt que de participer au Forum pour la paix qui réunissait plusieurs dizaines de chefs d’Etat ou de gouvernement et où il a beaucoup été question de multilatéralisme.

Il ne faut pas s’y tromper : tout ceci est calculé. Cette mise en scène obéit à des objectifs simples : le refus ostentatoire d’un cadre imposé – surtout à l’étranger-, l’épanouissement de soi, le «personal branding», la gloire. « La stratégie de Trump, c’est de survivre coûte que coûte », [écrit l’éditorialiste Charles M. Blow dans le _New York Times au lendemain des élections de mi-mandat.

Les Midterms ont été une défaite pour Trump, lequel avait fortement personnalisé le scrutin. On sort d’une campagne d’un niveau inédit de violence verbale et même plus. Et donc le Président met en place, pièce après pièce, une stratégie de raidissement, au service de sa réélection en 2020. Car Trump est « toujours déjà » en campagne.

Et je crois que la séquence parisienne, ainsi que son avant et son après, en termes de communication sur Twitter doivent être appréhendés dans ce cadre.

Enfin, avec Trump, c’est le « show » permanent. Depuis qu’il est à la Maison blanche, il a personnifié sa politique à l’extrême et construit son propre feuilleton, sa propre dramaturgie. Il « tease » sans cesse son action et ses prises de position, impose le tempo, crée le suspense.

C’est la téléréalité de la diplomatie…