Trump : discours sur l’état des divisions ?

Invitée de l'émission "Enjeux Internationaux" sur France Culture, le 6.02.19

Le 6 février 2019, j’étais l’invitée de Julie Gacon, dans l’émission « Enjeux Internationaux » sur France Culture (Matinale), à propos du discours sur l’état de l’union de Trump.

Le président a appelé les démocrates à travailler avec lui sur des dossiers qui leur tiennent à cœur, sans renoncer à son mur sur la frontière.

Ce mardi 5 février, Donald Trump a adressé son discours sur l’état de l’Union au Congrès, réuni en séance conjointe, et à la nation, une tradition annuelle lors de laquelle le président a présenté son programme pour 2019. Fragilisé par le récent shutdown, le plus long de l’Histoire des Etats-Unis, le chef d’Etat se trouve en très mauvaise posture pour poursuivre son projet de mur à la frontière du Mexique. Malgré une économie en pleine forme, son isolement politique est de plus en plus flagrant et sa politique étrangère se trouve contestée aussi bien chez les démocrates que chez les républicains.

Le dilemme de Trump : privilégier sa base électorale ou le compromis avec les démocrates ?

Sans surprise, Donald Trump a fait appel à l’unité nationale en promettant un agenda ni républicain ni démocrate sur le plan économique et structurel. Mais sa rhétorique religieuse conservatrice a repris le dessus : il s’est longuement adressé aux évangélistes et ultra-conservateurs, électeurs clés de sa campagne de 2016, en annonçant un prochain vote qui interdirait les avortements tardifs. Dans le domaine de la sécurité, le président des Etats-Unis a réaffirmé que « là où l’on construit des murs, l’immigration clandestine diminue très fortement », habitué à corréler l’immigration à la délinquance. Des propos qui attisent les tensions avec les démocrates, censés trouver un compromis sur le budget fédéral avec les républicains jusqu’au 15 février, sous peine d’aboutir à un nouveau shutdown.

Fait notable, lorsque Donald Trump s’est grandement félicité du « miracle économique » du pays, il n’a pu s’empêcher de parler des investigations sur les soupçons de collusion avec la Russie lors des dernières présidentielles. Menées par le procureur spécial Robert Mueller, ces enquêtes ont été qualifiées de « ridicules et partisanes », sans toutefois être nommées explicitement par le président républicain.

Donald Trump n’arrive pas en position de force dans les négociations, faisant suite au shutdown, qui doivent apporter une solution d’ici le 15 février. Il va vraiment être tiraillé, non seulement jusqu’au 15 février mais d’ici les élections de 2020, entre l’appel à sa base électorale, ce qu’il sait faire de mieux via la stratégie du chaos sur le plan socio-économique, racial et de genre. Mais il va quand même être obligé de faire des compromis avec les démocrates sur certains sujets, peut-être sur les infrastructures publiques ou sur la baisse du prix des médicaments, ce n’est pas impossible. Marie-Cécile Naves

L’isolement politique de Donald Trump face aux républicains était particulièrement remarquable lorsqu’il a présenté sa politique étrangère et militaire. Le chef d’Etat est resté très prudent dans ses formules : il a été surtout évasif sur la question de la renégociation du traité de l’Otan et sur le déroulement de retrait des troupes en Syrie et en Afghanistan.

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