« Les manifestations aux Etats-Unis sont pacifiques »

Invitée de "L'info du vrai" (Canal +), le 1.06.20

Le 1er juin 2020, j’étais invitée sur le plateau de l’Info du Vrai, sur Canal +, pour commenter les manifestations contre les violences policières aux Etats-Unis, suite au meurtre de George Floyd. Une émission présentée par Yves Calvi.

Trump reprend à son compte le slogan de Nixon en 1968, Law et Order, Nixon qui avait été élu après les événements de mai 1968. Il affirme qu’il en a fait plus pour les Noirs que n’importe quel président dans l’histoire des USA (sauf « peut-être » Lincoln – qui a aboli l’esclavage). Mais une phrase isolée ne suffira pas à faire en sorte que les Afro-Américaons votent pour lui

Les manifestations anti-racistes sont largement pacifiques et portent un agenda complexe, par le biais d’une jeunesse multiculturelle (pas seulement noire).

L’envoi, par le Président, de l’armée américaine (qui n’est pas la garde nationale, mobilisée aujourd’hui dans certains États) sur le territoire des États-Unis est constitutionnellement possible. L’Insurrection Act de 1807 lui en donne le droit. Le Président peut en effet, de manière exceptionnelle, mobiliser l’armée de métier pour faire respecter la loi à l’intérieur des frontières du pays, et uniquement sur demande des États fédérés. La menace de l’appel à l’armée participe de la stratégie rhétorique du Président qui celle de la dureté, de la force, de l’intransigeance. « Le président n’est pas un consolateur en chef », dit l’un de ses anciens conseillers. Il refuse d’utiliser le registre de l’empathie et de l’écoute des manifestants, la souffrance de la communauté noire victime de racisme et de discriminations, et il fait l’amalgame avec les émeutiers. Ceux-ci seraient selon lui guidés par l’extrême gauche antifasciste (qu’il qualifie de « terroriste »), laquelle menacerait les fondements de l’Amérique. Il réactive une nouvelle fois la guerre culturelle (« ils veulent vous détruire, détruire l’Amérique », dit-il régulièrement en meeting à propos de ses adversaires). Cette posture viriliste nourrit le récit de sa présidence, et même son propre récit individuel : autoritaire, refusant la critique, et non dénuée de relents néofascistes.

Barack Obama, qui lui a, mi-avril, apporté explicitement et publiquement son soutien, s’est exprimé le 1er juin dans une tribune sur Medium pour inciter les jeunes à aller voter le 3 novembre, non seulement pour la présidentielle mais aussi pour les élections locales (car c’est au niveau local qu’est gérée la police, par exemple). Ce n’est pas la première fois que l’ancien Président encourage les jeunes générations à se rendre dans les bureaux de vote aux Etats-Unis.