Journal de la campagne américaine #12 : RBG

Journal de la campagne américaine #12 : le décès de Ruth Bader Ginsburg

Le 12e numéro de mon journal de la campagne présidentielle américaine est consacré aux conséquences politiques du décès de la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg (RBG), à quelques semaines de l’élection. Vidéo mise en ligne le 22 septembre 2020.

1) Quelles conséquences la mort de Ruth Bader Ginsburg peut-elle avoir sur la campagne présidentielle ?

La mort de Ginsburg va attiser un peu plus l’opposition entre deux Amérique, sur fond de guerre culturelle : avortement et droits des femmes en général, droits des minorités ethniques et sexuelles, accès à la santé, libre port d’armes, peine de mort, etc. Avec une majorité de 5 juges conservateurs contre, désormais, 3 juges progressistes, les républicains ont un avantage certain.

Ruth Bader Ginsburg, surnommée RBG, est une icône des droits des femmes, l’équivalent d’une Simone Veil aux Etats-Unis. Juriste renommée, elle a gagné plusieurs batailles importantes devant la Cour suprême dans les années 1970 e faveur de l’égalité des sexes, notamment. Elle a été nommée dans cette prestigieuse juridiction par Bill Clinton, en 1993.

La Cour suprême est la plus haute juridiction des Etats-Unis, les neuf juges sont nommés à vie et dotés de pouvoirs considérables. Donc l’enjeu est immense. Il est aussi parce qu’il est possible que l’élection du président, cette année, se décide devant les tribunaux si c’est serré et/ou contesté, et la Cour ruprême pourrait être amenée à trancher en dernier ressort. En 2000, elle avait ordonné l’arrêt du recomptage des voix en Floride et George W. Bush avait été déclaré vainqueur contre Al Gore à 537 voix près…

Aujourd’hui : le nouveau doyen est un démocrate encore : Stephen Breyer, 82 ans

2) Les républicains vont-ils pouvoir passer en force en nommant un juge conservateur à la Cour Suprême dans les prochains semaines ?

En tout cas ils le veulent et l’ont dit. C’est constitutionnellement possible mais éthiquement plus que critiquable.

C’est l’intérêt de Trump que de nommer un nouveau juge rapidement après la mort de RBG. Il a choisi l’ultra-catholique Amy Coney Barrett, qui doit encore être confirmée par le Sénat. C’est possible car même si l’élection présidentielle et sénatoriale a lieu le 3 novembre, les équipes en place (président, sénateurs) restent en place jusqu’au 20 janvier 2021? date de la passation de pouvoir. On appelle cette période la « lame duck session » (littéralement « session du canard boîteux ») car c’est un moment transitoire, voire un peu bancal de la vie institutionnelle américaine.

Mitch McConnell, le leader de la majorité républicaine au Sénat, est favorable à cette accélération du calendrier, alors même qu’il avait refusé, en mars 2016, d’auditionner le candidat à la Cour suprême choisi par Obama, au prétexte qu’on était en année électorale (on était quand même huit mois avant le scrutin)… Deux poids, deux mesures ?