La géopolitique par le genre (RIS, n° 119)

Parution de la "Revue Internationale et Stratégique" (n° 119), le 1.10.2020

La Revue Internationale et Stratégique (n° 119) consacre son dossier de l’automne 2020 au sujet suivant : « La géopolitique par le genre. Des réflexions aux nouveaux répertoires d’action ». J’ai dirigé le dossier de ce numéro dont voici le sommaire et le début de l’introduction, ci-dessous. Il est en vente en librairies, en kiosques et sur Cairn (article par article ou en intégralité).

Dossier : La géopolitique par le genre : des réflexions aux nouveaux répertoires d’action

Sommaire :

– Introduction. Le genre, pour penser la complexité du monde, par Marie-Cécile Naves

– « En matière de diplomatie féministe, le Canada a été précurseur », Entretien avec Isabelle Hudon, propos recueillis par Marie-Cécile Naves

– Campagne anti-genre, populisme et néolibéralisme en Europe et en Amérique latine, par Eric Fassin

– Donald Trump, ou la masculinité hégémonique au pouvoir, par Marie-Cécile Naves

– Nationalisme, extrémisme et ordre de genre : l’exemple du Nordic Resistance Movement, par Elise Féron

– « Sans féminisme, il n’y a pas de démocratie » : réflexions sur le nouvel élan des mobilisations féministes au Chili, par Franck Gaudichaud et Axel Nogué

– « Tout changer » : transformations sociales, défis politiques et dynamiques internationales. Retour sur les demandes d’émancipation du mouvement féministe espagnol, par Marie Montagnon

– Vulnérabilités de corps méprisés. Les travailleuses et travailleurs du sexe au temps du COVID-19, par Philippe Liotard

– « La question du care est un enjeu global », Entretien avec Sandra Laugier, propos recueillis par Marie-Cécile Naves

Introduction (extrait) :

Pourquoi parler de genre quand il s’agit de géopolitique ? Pourquoi faire appel à la géopolitique quand il est question de genre ? Tout simplement pour contribuer à ouvrir le regard sur le monde, lever certains angles morts de la réflexion sur des sujets internationaux, offrir des perspectives à la fois pour la recherche, mais également pour la décision politique et le débat public. Les crises planétaires que nous traversons, qu’elles soient socio-économiques, financières, environnementales, sanitaires et / ou politiques, dévoilent un peu plus et accentuent les besoins de compréhension qui sont les nôtres face aux risques et aux incertitudes. De nouvelles grilles d’analyse peuvent aider à y répondre, non seulement pour comprendre, mais aussi pour agir.

À la fois concept scientifique, champ de recherche et outil d’analyse du réel dont toutes les disciplines universitaires – sciences humaines et sociales, sciences du vivant, médecine, sciences du numérique, etc. – se saisissent, le genre renvoie à un immense champ de connaissances théoriques et pratiques, encore peu exploré en géopolitique. Ainsi que l’a écrit l’historienne Joan W. Scott, le genre peut être défini comme « un élément constitutif de rapports sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes, une façon première de signifier des rapports de pouvoir ». Il permet donc d’appréhender les systèmes de relations asymétriques, les systèmes de hiérarchie fondés sur un ordre social sexué, mais aide aussi à comprendre – et ce, d’autant plus si on le croise avec d’autres approches – des formes multiples et complexes de domination