Interview dans le magazine « Actuelles » sur France 24, le 13 novembre 2020, à propos de mon livre « La démocratie féministe. Réinventer le pouvoir ».

La question posée par le féminisme, partout dans le monde, c’est celle du pouvoir : en termes d’agenda, de projet de société, de style politique, de récit, de storytelling, de gouvernance. Voulons-nous un pouvoir dominateur sur les autres et sur la planète, celui des gouvernements nationaux-populismes et du néolibéralisme ? Ou au contraire un pouvoir qui s’appuie sur la science, s’inspire des expertises d’expériences, est respectueux de toutes et de tous, refuse la domination, contre les femmes, mais aussi contre tous les groupes et individus ?

Une démocratie féministe, sur les plans pratique et programmatique, c’est un système politique dans lequel les décideurs, pour comprendre le monde dans sa complexité, s’inspirent de cette intelligence collective pour bâtir un agenda émancipateur où les questions de genre sont systématiquement présentes dans les politiques publiques de santé, d’éducation, d’environnement, d’économie, de sport, de culture : mieux cibler, mieux s’inspirer des compétences diverses et des engagements citoyens, promouvoir un leadership coopératif.

Le leadership féministe, ce n’est pas un leadership « au féminin », c’est un leadership dégenré : combatif mais pas dominateur. De Jacinda Ardern, la première ministre néozélandaise, à Alexandria Ocasio Cortez, en passant par Greta Thunberg ou Megan Rapinoe, mais aussi de nombreuses figures masculines, c’est un nouveau leadership qui, partout, émerge.

Le féminisme nous invite à enrichir nos cadres d’analyse, à décentrer le regard, à remettre du politique dans la société, à recréer du commun, à fonder un universel plus inclusif. Il s’oppose à l’ordre établi pour proposer davantage d’égalité et de liberté, de subjectivité, de collectif. Un monde où on a le choix. Le féminisme invite à la création et à l’imagination. Il porte un récit que nous gagnons toutes et tous à écouter.