Trump, la colère et l’intimidation

Invitée de "L'info s'éclaire" sur France Info TV, le 5.01.2021

Le 5 janvier 2021, j’étais invitée sur le plateau de « L’info s’éclaire », sur France Info TV. Le sujet était les élections sénatoriales en Géorgie, le refus de Trump de reconnaître sa défaite (toujours) et les divisions chez les républicains face à ce déni de réalité. Une émission présentée par Axel de Tarlé.

Nous vivons une semaine très importante politiquement aux Etats-Unis : 5 janvier (élections sénatoriales pour pourvoir les deux derniers sièges au Congrès), et 6 janvier (certification par ce même Congrès, donc Chambre des représentants et Sénat, du vote des grands électeurs du 14 décembre dernier qui ont entériné la victoire de Joe Biden).

Le 5, le suspense est à son comble (et l’enjeu est norme si les démocrates gagnent les 2 sièges, ils seront à égalité avec les républicains mais auront la voix déterminante de Kamala Harris, VP des États-Unis mais aussi présidente du Sénat) ; le 6, lui, n’apporte pas de suspense (aucun recours en justice de l’équipe de Trump n’a abouti), mais l’enjeu est grand pour Trump de poursuivre son récit, son storytelling de la « victoire volée », de la fraude massive.

Or, la semaine législative qui s’achève a été éprouvante pour le président encore en exercice : Trump a vu son véto sur le budget militaire outrepassé par les républicains au Sénat (c’est inédit depuis 2016), et il a dû céder sur le nouveau plan de relance économique.

Pour autant, cette mini-révolte des élus républicains contre un président en fin de règne (qui a qualifié leur leadership de « faible ») n’occulte pas le soutien dont ce dernier bénéficie encore auprès d’eux, puisque douze sénateurs et une centaine de représentants républicains ont annoncé vouloir, le 6 janvier prochain, demander une enquête parlementaire sur le résultat de la présidentielle. Leur but : assurer leurs arrières si Trump reste influent dans le champ politique et au sein du parti ; capter une partie des 74 millions d’électeurs trumpistes.

L’obsession de Trump du moment : ne pas quitter la Maison blanche avec l’image de « perdant ». C’est pourquoi il appelle à des rassemblements de ses soutiens le 6 janvier prochain. Les observateurs s’interrogent aussi sur le coup d’éclat qui pourrait être le sien le 20 janvier, jour de l’investiture de Joe Biden, afin de récupérer une partie de l’attention médiatique de l’événement. Il a utilisé ses dernières semaines au pouvoir pour gracier ses proches impliqués dans des affaires de corruption, et pour continuer de contester le résultat des urnes, avec le soutien de conspirationnistes.

Le trumpisme est une force politique durable.

Voir ou revoir l’émission :