Trump, les réseaux sociaux, la démocratie

Invitée de "Hashtag", sur Public Sénat, le 14.01.2021

Le 14 janvier 2021, j’étais invitée de l’émission « Hashtag » sur Public Sénat, animée par Hélène Risser. Le sujet était : « Trump : les réseaux sociaux à l’assaut de la démocratie ».

Ce que l’on a vu au Capitole, c’est le conspirationnisme en actes. La rébellion violente, qui était préparée, anticipée, est apparue à ses participants comme seul recours face à un résultat dans les urnes qui n’est pas accepté. Si l’on ne respecte plus l’adversaire en démocratie, et si l’on ne respecte plus les faits, il n’y a plus de conflit d’opinion, on ne fait plus société. Il n’y a plus de débat. Les désordres de l’information (ici, la croyance que l’élection a été truquée) constituent, on le voit, l’une des premières pierres du fascisme. S’y ajoute un rejet de l’évolution du corps électoral : les groupuscules d’extrême droite, défenseurs du suprémacisme blanc, néo-nazis, antisémites et autres présents au Capitole constituent un nouvel épisode dans la longue histoire américaine du refus de voir d’autres populations qu’eux voter et accéder au pouvoir.

Mais visiblement cette logique du mensonge n’a pas été payante électoralement pour les républicains ; l’exemple de la Géorgie l’illustre de manière emblématique.

Trump a mis en garde pendant des semaines contre une tentative de coup d’État qui émanerait du parti démocrate (c’est un classique chez lui de retourner les accusations dont il fait l’objet). « Une fraude massive a eu lieu : préparez-vous ». Il y a eu de sa part, depuis des mois, des appels à la violence et celui du 6 janvier dernier est un encouragement à « prendre » le Capitole et à punir le VP et les « traîtres ». Il a aussi dit à ses fans qu’il allait regarder et qu’ils « allaient faire l’histoire ».

Ce folklore participe d’une intention très politique, qui consiste en l’affirmation d’une mouvance d’extrême droite. Le caractère clownesque, présent chez Trump (on le retrouve aussi chez Bolsonaro), n’a rien n’anodin, dans la mesure où Trump contribue à ridiculiser la démocratie, à en saper la légitimité. Trump saccage les lieux, dans tous les sens du terme, avant de partir.

Il y a une volonté de détruire les institutions, théorisée notamment par Steve Bannon en 2015. Les détruire, chez Trump, d’abord symboliquement (images), mais aussi par les discours, puis par leur fonctionnement (c’est tordre les institutions pour les mettre au service de ses intérêts personnels (c’est ce qui a conduit à la 1e procédure d’impeachment, cf. affaire Ukrainienne)

Mais le projet de société est bien de défendre une Amérique blanche et patriarcale qui serait assiégée. L’obsession identitaire est réelle. Tout ceci invite, je crois, à se pencher sur l’histoire du fascisme pour y voir des parallèles.

L’image de la démocratie US est également dégradée à l’international. Le but de Trump était, avec ces images, de ridiculiser la démocratie. D’abîmer l’image des USA à l’international. Tout saccager avant de partir. Les anti-démocrates dans le monde entier se sentent confortés dans leur usage de la violence pour empêcher le débat et les transitions politiques.

Le problème, c’est comment traiter la défiance démocratique, qui était là avant Trump, le porte même en partie au pouvoir, et qu’il n’a fait que l’aggraver. Pas en donnant des gages aux anti-démocrates ! Pas en entretenant une réalité parallèle pour séduire des électeurs. Le pacte faustien des républicains US avec le trumpisme leur a coûté cher.

Emission est visible ici (cliquer).