« La démocratie féministe » dans « Sciences Humaines »

Mon ouvrage, « La démocratie féministe. Réinventer le pouvoir » (Calmann-Lévy, octobre 2020), fait l’objet d’une note de lecture dans le mensuel « Sciences Humaines » (en ligne et numéro de mars 2021, en kiosques). Article rédigé par Justine Canonne.

La Démocratie féministe peut d’abord être lu comme l’exposé d’un rapport de force : celui qui, selon l’auteure, oppose un « national-populisme » résurgent, prédateur pour la planète et pour la majorité des peuples qui l’habitent, à un autre mouvement émancipateur, qui, dans le sillage de #MeToo, des luttes antiracistes et pour le climat, propose de renouveler les cadres de la pensée politique. Qui l’emportera ? Pour la politiste Marie-Cécile Naves, le premier n’est pas une fatalité, tandis que le second, plus inclusif, pourrait jeter les bases d’un projet plus solide et durable.

Spécialiste de politique américaine, M.C. Naves tire des États-Unis nombre d’illustrations à l’appui de son propos. Ainsi, face à un mouvement féministe multiforme, intersectionnel, ayant pris de l’ampleur ces dernières années, le national-populisme se défend à travers des leaders qui, comme Donald Trump en son temps, surjouent la masculinité hégémonique.

Les cibles de cette réaction aux traits virils ? Les droits des femmes, tel le droit à l’avortement, mais aussi ceux des minorités sexuelles et ethniques. Sans oublier l’écologie, ces leaders affichant la volonté de maintenir le mode de production dominant tel qu’il est.

M.C. Naves met en regard cette approche avec un nouveau leadership, non pas « au féminin » (l’essai ne tombe pas dans l’écueil essentialiste selon lequel les femmes au pouvoir auraient un style de gouvernance inhérent à leur sexe) mais un leadership reposant sur une approche dégenrée, plus ouverte, plus collaborative, moins polarisante.

La richesse des références citées dans l’essai, tant en science politique que relatives aux théories féministes, vient asseoir ce plaidoyer pour cet autre leadership. Reste une question : parviendra-t-il à s’enraciner, et à contribuer au renouvellement des pratiques démocratiques ?