Afghanistan, la faillite de l’Occident ?

Invitée de 'L'info s'éclaire" sur France Info TV, le 31.08.21

Le 31 août 2021, j’étais invitée sur le plateau de « L’info s’éclaire », sur France Info TV, pour décrypter l’actualité en Afghanistan et le rôle des Etats-Unis. Une émission présentée par Axel de Tarlé.

J’ai abordé trois points :

– On ne crée par un Etat moderne, on règle pas les problèmes politiques par les armes. C’est le premier grand test pour le leadership international de Biden, qui s’est présenté à l’élection présidentielle en partie sur le socle d’une grande expérience en politique étrangère. Biden récolte la politique de ses prédécesseurs, en particulier de Trump qui a « dealé » le retrait avec les Talibans, en écartant le gouvernement afghan, et sans contrepartie véritable. Mais quelle crédibilité pour un multilatéralisme modéré alors que le retrait des troupes militaires américaines a été décidé unilatéralement ?

Il est difficile de rompre en quelques années, voire en quelques mois avec une vision de « gendarme du monde ».

– Biden ne perdra pas nécessairement de popularité, aux Etats-Unis, sur la question afghane. Au contraire, il peut même en gagner s’il parvient à faire passer le message que les États-Unis se mettent à l’abri de l’horreur et du chaos. Depuis le départ, et déjà quand il était vice-président d’Obama, il était contre l’idée de « nation building ».

L’engagement militaire des Etats-Unis dans le monde est très impopulaire dans l’opinion américaine. Le coût financier, humain et psychologiques des deux guerres d’Irak et d’Afghanistan (sans parler du fantôme du Vietnam) est énorme.

Dans l’opinion américaine, Biden perd des points à cause de la Covid. Mais il pourra peut-être célébrer le vote définitif de la loi sur les infrastructures.

– Sort des femmes en Afghanistan. Elles sont en première ligne dans des tentatives de contestation vite réprimées par les talibans. Depuis la chute de Kaboul, sur les groupes WhatsApp, Telegram et Facebook, les militantes sont très actives sur place. Le travail des organisations féministes internationales est énorme, depuis des années : pétitions pour des aides internationales, pour l’accueil des femmes.

Les femmes en Afghanistan ont depuis longtemps été dépeintes comme des femmes passives attendant leur libération. C’est faux.

L’immense majorité des Afghans qui ont fui, dans le pays, le retour des Talibans, étaient des femmes. Aujourd’hui, elles sont les dernières à partir (elles soutiennent leur famille, elles ont moins d’argent pour partir).

Or, on le sait, il n’y a jamais de paix durable si l’on ne se préoccupe pas du sort des filles et des femmes et si on les exclut des pourparlers, si on minimise leur rôle sur le terrain, si on ne prend pas en compte les violences spécifiques dont elles ont l’objet.

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