Jeux Olympiques : ambiance glaciale à Pékin

Le 4 février 2022, j’étais invitée sur le plateau de « C dans l’air », présentée par Axel de Tarlé, sur France 5, à l’occasion de l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin 2022.

Pour Pékin, réussi les Jeux est un impératif. Ça veut dire quoi, réussir ?

– Covid : pas de spectateurs internationaux, ni chinois + compétition plus compliquée à organiser qu’en temps normal. A son grand regret, la Chine ne fera pas mieux que le Japon l’an dernier.

– L’image internationale est un énorme enjeu pour Pékin (softpower et concurrence avec les USA qui boycottent la cérémonie d’ouverture, comme le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni ou encore le Japon).

Les Jeux d’hiver sont moins universels car moins de pays participent et il y a moins de disciplines. Mais Pékin est la seule capitale à avoir organisé les JO d’été et d’hiver.

Or, cette organisation sera peut-être contreproductive pour la Chine car elle énormément critiquée. Les Jeux de 2008 avaient été pour elle un facteur de prestige, cette année ce sera bien moins le cas. Mais attendons de voir…

– Ces J.O., c’est aussi une tribune chinoise à destination du reste du monde :

* Rencontre entre Xi Jinping et Vladimir Poutine en marge de la cérémonie d’ouverture le 4 février : l’image de Vladimir Poutine et Xi Jinping ensemble, en l’absence de Joe Biden, c’est signifiant. Le langage est performatif, les images aussi.

Et bien sûr c’est aussi une vitrine pour Poutine tout seul (et c’est la raison pour laquelle ça qu’il y va, surtout avec l’actualité ukrainienne).

Pékin et Moscou ont multiplié les signes de rapprochement avec la crise en Ukraine. La crise en Ukraine profite à la Chine s’il y a d’autres sanctions de l’Occident : en 2014, les sanctions en représailles à l’annexion russe de la Crimée ont doublé la part de la Chine dans le commerce extérieur de la Russie. Et la Chine achète du gaz russe. Sur le plan militaire, la coopération entre Moscou et Pékin se renforce aussi. Les deux pays organisent des exercices conjoints, collaborent dans le développement d’armes nouvelles, sur leur infrastructure spatiale, la navigation par satellite, etc.

Héritage des J.O. :

– Et là, les cases ne sont pas cochées : 1) droits humains, 2) environnement (le site olympique est à 180km de Pékin et 100% de neige artificielle (Cela se passe dans une région où il neige moins qu’à Paris.), en consommation d’eau, c’est colossal car cela équivaut à la consommation moyenne annuelle d’une ville chinoise de 12 000 habitants ; certes, une centrale électrique uniquement alimentée par des éoliennes et de l’énergie solaire a vu le jour à l’été 2020), 3) surveillance (athlètes priés de ne pas venir avec leur téléphone).

Le CIO a pour préoccupation que la Chine puisse payer ces Jeux (enjeux économiques colossaux, y compris pour le CIO lui-même).

– Si le CIO choisit des pays non démocratiques, c’est aussi par espoir que les droits humains s’y améliorent. Il ne faudra pas y compter cette fois.

Le sport est politique et géopolitique, de bout en bout. Il est traversé de politique.

Avoir été choisi, pour la Chine, c’est une reconnaissance internationale importante. Sauf que, au moment où il fallait choisir la ville hôte de ces Jeux d’hiver, il n’y avait que deux candidates, Almaty (Kazakhstan) et Pékin.

Mais c’est aussi désastreux pour l’image du CIO (développement durable).