Le 17 décembre 2022, j’étais invitée dans l’émission « C dans l’air » sur France 5 pour parler des enjeux socio-politiques et géopolitiques de la Coupe du monde masculine de football 2022. L’opus était intitulé : « Ce foot qui rend fou », et il était présenté par Axel de Tarlé.
Le sport et le football en particulier se pensent comme étant à part du reste de la société, ou un reflet de la société : ils en sont des acteurs à part entière. Pour les raisons qui ont été évoquées sur les conditions d’organisation de cette Coupe du monde, mais aussi pour d’autres.
Les répercussions de cet événement pour la société française, autrement dit de la manière dont les décideurs, publics et privés, doivent en faire une opportunité de développement au service de l’intérêt général.
Ces répercussions, il faut les mesurer, par la recherche.
Comment faire du foot un levier de transformation sociale durable ? Le sport ne peut pas tout mais il peut être un accélérateur de progrès pour la société et l’économie françaises. Le changement par le sport ne se décrète pas, il s’impulse, s’accompagne, se soutient.
Pourquoi nos élus, dont plusieurs répètent, à tort, que « le football n’est pas politique » ou qu’« il ne faut pas mélanger sport et politique » ne se saisiraient-ils pas de cet événement pour construire ou confirmer un agenda émancipateur, des politiques publiques innovantes, en faveur de toutes et de tous ?
La liesse collective de la victoire a déjà démontré qu’il existe une capacité de cohésion et de partage de la société française, que les décideurs sous-estiment. C’est aussi un savoir-faire des clubs de football qui, dans tous les territoires, est mis en lumière. La France figure parmi les premiers pays du monde dans la formation de footballeurs que l’on retrouve, ensuite, dans les plus grands clubs professionnels européens. Le succès des Bleus est aussi celui du foot amateur et du bénévolat sportif.
Par ailleurs, la presse étrangère s’étonne de la manière dont, en France, ces territoires et leurs habitants sont décrits : toujours en négatif. Or l’occasion est exceptionnelle pour élaborer un contre-récit puissant face aux discours identitaires, déclinistes, excluants. La diversité d’origines et de talents constitue la richesse de notre société.
Le sport est un levier d’innovation et d’investissement social mais cela ne se décrète pas.
La France est une importante pourvoyeuse de talents footballistiques : sur les 736 joueurs ayant participé à la Coupe du monde masculine de football 2018, 52 sont nés et ont été formés en France. Un nombre record qui s’explique par la qualité du système de formation français.
Enfin, le sport et notamment le foot figurent parmi les secteurs dans lesquels les inégalités femmes-hommes sont encore les mieux tolérées.