Les féminismes dans le monde

Invitée du jour dans le "8.15" de France 24, le 14.03.23

Le 14 mars 2023, j’étais l’invitée du jour dans le « 8.15 » de Pauline Paccard sur France 24. Nous avons fait un état des lieux des féminismes dans le monde, autour de mes deux derniers livres.

 

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À l’échelle du monde comme des États, les féminismes sont pluriels. Les aborder sous l’angle géopolitique permet de mettre au jour la circulation des combats et des mobilisations pour l’égalité et pour les droits, qui, en de nombreux endroits de la planète, n’existent toujours pas et qui, là où on les pense acquis, ne le sont jamais. Les féminismes ont une géographie, vaste et mouvante ; elle n’est pas figée. Capables d’une extrême inventivité, ils s’influencent les uns les autres.

Il demeure des spécificités nationales ou régionales mais on ne peut pas parler de centre et de périphéries féministes dans le monde. Il ne faut céder ni à l’ethnocentrisme, ni au relativisme culturels. Ainsi, #MeToo ne vient pas de nulle part. S’il est né dans l’Amérique de Donald Trump dans la continuité du scandale Weinstein, il doit beaucoup à des mouvements de femmes venus d’autres continents : des printemps arabes de 2011 aux manifestations des Argentines en 2016, en passant par la révolte contre des viols collectifs en Inde en 2012 : il y a eu des #MeToo avant #MeToo.

Les féminismes ont donc aussi une histoire, plus ou moins récente selon les régions et plus ou moins ancrée dans les structures sociales, les cultures, les lois. De plus en plus médiatisés, leur influence s’accroît. C’est pour cela aussi qu’ils occasionnent des résistances : on ne peut pas parler de féminisme sans évoquer l’antiféminisme. Du refus de perdre des privilèges à la haine des femmes, le patriarcat n’entend pas céder de terrain face à des dynamiques qui, de génération en génération, font des revendications féministes un projet politique global.

« Le féminisme est devenu incontournable : management, publicité, orientation scolaire, langage et écriture, visibilité des réalisatrices et des autrices, parité en politique, temps médiatique consacré aux sportives, violences sexistes et sexuelles… Les femmes n’acceptent plus d’être maltraitées et le clament haut et fort. Si le féminisme occasionne des résistances, si la gifle anti-#MeToo est si dure, c’est parce qu’il apparaît pour ce qu’il est : un projet global de transformation des sociétés, de renversement des conservatismes, de dénonciation d’un continuum de violences et d’injustices. ‘Calmez-vous, madame, ça va bien se passer’, telle est l’injonction de ceux qui ont intérêt au maintien de l’ordre établi. Les antiféministes refusent de partager l’espace et le pouvoir avec les femmes. Invités sur les plateaux télé pour vendre leurs pamphlets, ils nous expliquent qu’il ne faut pas nous plaindre : « il y a toujours pire ailleurs »… La revanche patriarcale peut aussi prendre son temps, comme la Cour suprême des États-Unis l’a montré au monde entier en mettant un terme au droit constitutionnel à l’avortement. En attaquant les libertés et les droits des femmes, c’est la démocratie tout entière que l’on fragilise. À travers de nombreux exemples puisés dans l’actualité, cet ouvrage dresse un panorama salutaire des réceptions, positives et négatives, du féminisme aujourd’hui. »