L’obsession anti-woke de Ron DeSantis

Invitée des "Matins du samedi", le 25.03.23

Le samedi 25 mars 2023, j’étais invitée dans « Les Matins du samedi » sur France Culture, présentés par Quentin Lafay. Nous avons parlé d’un projet de loi en Floride visant à interdire les conversations sur les menstruations, et les obsessions anti-woke du gouverneur Ron DeSantis.

RonDeSantis qui se positionne comme le représentant du trumpisme sans Trump pour 2024 (transition vers un trumpisme sans Trump). La transition comme retour en arrière sur les droits des femmes et des minorités : autrement dit revenir au temps béni où chacune et chacun était « à sa place ». MAGA=Rendez sa grandeur à l’Amérique blanche et masculiniste.

Ce projet de loi, au niveau de l’État de Floride, mais qui pourrait faire des émules, s’inscrit dans une dynamique guidée par l’obsession identitaire du trumpisme, qui se définit comme « anti-woke », et dont Ron De Santis, le gouverneur de Floride, brillamment réélu en novembre dernier, a fait son cheval de bataille.

Woke, qu’est-ce que ça veut dire ? On ne sait pas si ce n’est que c’est une insulte, un épouvantail, tout ce que la droite n’aime pas… Donc l’objectif des anti-woke, c’est de réprimer et d’invisibiliser les minorités sexuelles et raciales, de nier l’historiographie qui parle de la ségrégation raciale, du racisme et de l’esclavage, et du féminisme et par extension les sujets qui ont un lien de près ou de loin avec les femmes. Concrètement, cela se manifeste par l’interdiction de centaines de livres dans les bibliothèques scolaires en Floride, au Texas et ailleurs. Il ne s’agit pas de décider quel livre est approprié à chaque âge, mais d’interdire des livres dans les bibliothèques scolaires. C’est très différent. Et de quels livres parle-t-on ? De la prix Nobel Toni Morrison ou de « La servante écarlate », par exemple.

Ces décisions sont prises au niveau de l’État et des districts mais dans beaucoup d’États, on fait confiance aux conseils d’école. Là, non.

Prétendument pour laisser plus de latitude aux familles, sauf que les pouvoirs de l’État fédéré se voient renforcer ! Donc c’est le contraire : les familles et les districts auront moins de libertés.

Dans le projet de loi sur les règles, il ne s’agit pas de dire « ce ne sont pas des sujets dont il est obligatoire de parler à l’école », mais de dire « il est strictement interdit d’en parler ». Or à l’école primaire, les filles peuvent être concernées. Si elles ont leurs règles, on va refuser de les accompagner, de les informer, de les rassurer aussi ? En gardant le silence, on impose l’idée que c’est tabou, que c’est mal, que c’est stigmatisant, etc.

Mais derrière qu’y a-t-il ? Poursuivre le travail d’interdiction de parler de sexualité, d’information sur la sexualité, de livres qui parlent de sexualité. Il y a un mélange de puritanisme, d’hypocrisie, de culpabilisation des filles. Les enfants se renseignent par eux-mêmes… Il s’agit de santé et de bien-être des pré-adolescentes. L’obscurantisme est le goût de l’ignorance vont ensemble.