Monde : les violences faites aux femmes

Invitée d'"Actuelles" sur France 24, le 30.03.23

Le 30 mars 2023, j’étais invitée sur le plateau de l’émission « Actuelles » sur France 24, présentée par Laure Manent. Le sujet était celui des violences faites aux femmes et des luttes féministes dans les monde. Avec aussi la journaliste Delphine Bauer pour l’enquête « Femmes à abattre« .

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Des féminismes et non pas un seul, universel… avec des objectifs qui peuvent varier, mais des grandes tendances qu’on retrouve dans divers pays et qui s’influencent mutuellement. C’est ce qu’explique la politologue Marie-Cécile Naves dans « Géopolitique des féminismes« . Mais qui dit féminismes dit aussi antiféminisme : les mouvements contre les droits des femmes et les attaques contre les militantes, elles, se ressemblent et ont fait l’objet d’une vaste enquête. Delphine Bauer nous raconte comment elle a travaillé avec d’autres journalistes pour l’enquête « Femmes à abattre« . Ensemble, iels ont étudié les données de 287 assassinats de femmes activistes de 58 pays et dressé le portrait-robot des « féminicides politiques ».

Les féminismes se suivent et ne se ressemblent pas, mais ils s’influencent, explique la directrice de l’Observatoire Genre et Géopolitique de l’IRIS Marie-Cécile Naves. À travers la planète, leurs combats se ressemblent bien sûr, mais d’une région à l’autre et même au sein des frontières d’un pays, ils peuvent avoir des formes et des objectifs différents. Malgré leurs disparités, ils contribuent à dessiner les combats des femmes sur d’autres terrains. #MeToo en est un exemple. Le mouvement a explosé aux États-Unis en 2017 après l’affaire Harvey Weinstein mais il doit beaucoup à d’autres combats féministes venus d’ailleurs, comme les Printemps arabes de 2011, les révoltes contre les sordides viols collectifs en Inde en 2012 ou les manifestations de 2016 en Argentine.

Les féminicides politiques répondent à une définition précise : des assassinats de femmes militantes, parce qu’elles sont activistes (pour les droits des femmes, des minorités ou la protection de l’environnement, notamment) mais aussi parce qu’elles sont des femmes et perçues, à ce titre, comme des cibles plus faciles à abattre.

L’une des autres caractéristiques, explique la journaliste Delphine Bauer, qui a enquêté sur ces meurtres dans le cadre de l’enquête « Femmes à abattre » publiée par Mediapart, est le phénomène d’ »overkill« . Ce terme désigne un acharnement de l’agresseur sur le corps de sa victime, accompagnant l’assassinat de violences sexuelles ante ou post-mortem, de défiguration ou mise en scène sordide du corps, de manière à choquer les esprits et servir de mise en garde aux autres activistes de la cause concernée. Cette « sur-mort » est présente dans 42 % des cas étudiés au moins.