Le 10 octobre 2023, j’étais invitée sur France Info TV pour parler de l’engagement américain au Proche Orient. J’ai rappelé qu’avec les Accords d’Abraham, « la question palestinienne avait été complètement abandonnée par les équipes de Trump ».
Chaque jour, parviennent des images de nouvelles atrocités. Quel sentiment domine ? « La sidération, la colère surtout, en voyant ces images. Je pense qu’on a tous vu, ces quatre derniers jours, des images horribles, mais ce soir, je pense qu’on entre dans une autre dimension avec ces bébés décapités, ces femmes, ces hommes. En Israël, c’est vraiment un traumatisme collectif qui est en train de se créer« , réagit Eleonore Weil, journaliste à Haaretz, qui considère que « l’heure n’est pas aux considérations politiques« , mais à « mettre fin aux atrocités« , en « frapp[ant] un coup fort le Hamas« .
Comment est vécue la question des otages dans le pays ? « La majorité des Israéliens, après avoir vu ce qu’il s’est passé ce samedi 7 octobre, ont peu d’espoir de retrouver ces otages. Je crois qu’il y a un accord tacite entre les Israéliens et les autorités israéliennes, on doit agir, il faut frapper fort, et malheureusement, il y a très peu d’espoir de négociations qui peuvent aboutir« , estime la journaliste.
La position des États-Unis
Les États-Unis sont-ils engagés dans un soutien total et inconditionnel ? « Pour les États-Unis, le défi stratégique est majeur. D’une part à court terme parce qu’il y a des otages américains aux mains du Hamas, ça a été confirmé plusieurs fois par la diplomatie américaine« , explique Marie-Cécile Naves, directrice de recherche à l’IRIS, spécialiste des États-Unis.
« À court terme toujours, parce qu’il y a une peur d’une extension du conflit, notamment au Liban, et les États-Unis ne cessent d’envoyer des appels à l’Iran, pour ne pas que ce pays continue sans doute à financer le Hamas et des exactions. À plus long terme, parce que c’est tout un processus de paix engagé avec les accords d’Abraham en 2020, dont on voit bien, sans surprise, que c’était une illusion« , poursuit la spécialiste, qui ajoute : « La question palestinienne a été complètement abandonnée par les équipes de Trump. Les autorités palestiniennes avaient été humiliées par les négociateurs, et ça consistait à dire qu’Israël devait faire la paix alors qu’elle n’était pas en guerre« . Biden a ensuite « continué dans cette lancée« , conclut Marie-Cécile Naves.
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