“Super Tuesday” : qu’est-ce qui peut encore arrêter Donald Trump ?

Invitée des "Enjeux internationaux" sur France Culture, le 6.03.24

Le 6 mars 2024, j’étais l’invitée des « Enjeux internationaux » dans les Matins de France Culture, pour une interview avec Guillaume Erner sur le résultat du Super Tuesday aux Etats-Unis.

Les derniers bureaux de vote ont fermé sur la côte ouest des États-Unis après une importante journée électorale… C’était le “Super Tuesday”, lors duquel pas moins de quinze États organisaient simultanément leurs primaires démocrates et républicaines.

Une fois de plus, peu de place au doute, car ce sont toujours les mêmes qui l’emportent. A cette allure, c’est bien entre Donald Trump et Joe Biden que se jouera la présidentielle en novembre… Que nous indiquent donc les premiers résultats de ce « Super Tuesday » ? Les primaires états-uniennes pourraient-elles encore nous surprendre ?

Du côté républicain, la candidature de Donald Trump reste favorite à l’issue de cette journée de vote. Pour autant, le plus dur reste à faire pour l’ancien Président, assure Marie-Cécile Naves, politiste et directrice de recherche à l’IRIS. « Les scores de Nikki Haley étaient l’une des variables à observer. Celle-ci a remporté le Vermont et résiste plutôt bien dans un certain nombre d’Etats. La candidate républicaine va certainement rester en campagne tant qu’elle en aura les fonds. Trump a le vent en poupe, il enchaîne les victoires et la Cour Suprême a confirmé son éligibilité. Néanmoins, le plus dur reste à venir. Il lui reste à séduire un électorat au-delà de sa base militante, notamment les indépendants et les Républicains modérés. C’est une autre paire de manches. » D’autant qu’une grande partie des électeurs de Nikki Hailey assurent qu’ils ne voteront pas pour Trump, souligne Marie-Cécile Naves. Si le favori républicain reste en tête, il serait pour l’instant difficile de prédire leur choix électoraux entre abstention, résignation face à Trump ou même vote pour Joe Biden.

Du côté démocrate, le président sortant Joe Biden a aussi beaucoup à prouver dans son camp, alors que le Michigan lui a adressé hier un sérieux avertissement électoral. Pour Marie-Cécile Naves, c’est une conséquence du conflit israélo-palestinien qui divise aujourd’hui profondément l’opinion publique américain. « Dans le Michigan, la défiance à l’égard de Biden s’est exprimée dans la population arabe, relativement importante, et dans le militantisme démocrate très progressiste porté par les jeunes et les diplômés du supérieur. Ces électeurs attendent une plus grande fermeté vis-à-vis de la politique israélienne à Gaza. La fermeté est réelle en coulisse, les tractations diplomatiques sont très dures, mais Biden jusqu’ici a été plutôt modéré dans ses prises de paroles publiques sur le sujet . » Toutefois, conclut la politiste, les inconnues restent très nombreuses. Il est encore hasardeux de prédire le résultat des élections finales à partir des scores du seul Super Tuesday.