- Cécile Delarue Journaliste indépendante
- Marie-Cécile Naves Politiste, directrice de recherche et directrice de l‘Observatoire « Genre et géopolitique » à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS)
- Chloé Delaporte Professeure à l’Université Paul Valéry Montpellier 3, spécialiste en études cinématographiques audiovisuelles.
Début octobre 2017, Harvey Weinstein est mis en cause par des enquêtes du New York Times et du New Yorker qui ébranlent l’industrie du cinéma : le producteur de cinéma est accusé d’agressions sexuelles et de viols. Quelques jours plus tard, un tweet de l’actrice et productrice Alyssa Milano donne naissance au hashtag #MeToo. Ces révélations ont eu l’effet d’une bombe aux États-Unis et dans de nombreux pays.
La parole se libère et ce sont au total plus de 100 accusations qui sont formulées contre Harvey Weinstein. C’est le début d’un long combat judiciaire qui se poursuit encore aujourd’hui, d’autant que la condamnation à 23 ans de prison pour viol et agression sexuelle avec violence, première condamnation prononcée en 2020 à New York, s’est vue annulée en avril dernier et un nouveau procès doit s’ouvrir en 2025. La cour d’appel avait estimé que des erreurs de procédure avaient été commises durant ce procès. Harvey Weinstein a été également condamné en février 2023 à Los Angeles à une peine de 16 ans de prison pour viols et agressions sexuels en 2013.
Ccomme la pratique d’accords financiers avec des clauses de non-divulgation – qui ont imposé le silence aux victimes. Des dispositifs qui commencent à être remis en question comme le montrent des lois de septembre 2018, qui interdisent des accords de non-divulgation dans les cas d’agressions sexuelles, de harcèlement ou de discrimination sexuelle, ou encore la loi 2022 sur le harcèlement sexuel au travail.
Mais le retour de Donald Trump à la Maison blanche, qui a mené une campagne sexiste et misogyne, fait craindre un “backlash”, un retour de bâton conservateur, et son élection est une nouvelle menace pour le mouvement MeToo. Malgré ce revers, la société américaine s’est transformée depuis 2017, les rapports femmes – hommes se redessinent dans les entreprises, les sphères de pouvoir ou encore dans les universités.
Avec Chloé Delaporte, professeure à l’Université Paul Valéry Montpellier 3, spécialiste en études cinématographiques audiovisuelles.
En 2017, le mouvement MeToo a provoqué un véritable séisme à Hollywood avec la libération de la parole des femmes de la profession victimes des violences sexistes et sexuelles et de nombreuses têtes d’affiche qui sont éclaboussées à divers degrés. Si quelques nouveaux leviers sont à remarquer, la puissante industrie de cinéma n’a pas vraiment opéré un changement profond de son fonctionnement et de son éthique.
Références sonores
- Témoignage Louisette Geiss, INA, France 2, 13H, 11 octobre 2017
- Cyrus Vance Jr., Brut, janvier 2020
- Tarana Burke, Huffpost, avril 2024
- Témoignage Paz de la Huerta, France 2, 23 mai 2019
- Témoignage de Rose MacGowan, C l’hebdo, 25 janvier 2020
- Microtrottoir à la sortie du tribunal après le verdict, AFP, 1 juin 2022
- Chanson : Fiona Apple – « Sullen Girl » (1996)