« Midterm elections » américaines : avant-dernier round

(Publié sur www.lemonde.fr dans la rubrique « Chroniques d’abonnés ») 

« Your pre-election post-mortem » : c’est par ces mots un peu étranges que Charles Krauthammer titre son dernier article pour le Washington Post, daté d’aujourd’hui. Il s’y livre à une mini-chronique désabusée d’avant-élections, par un petit tour des candidats selon lui les plus emblématiques – dans ce qui existe de mieux, mais surtout de pire. Extraits…

Pour l’éditorialiste néoconservateur, le plus suicidaire, c’est Carl Paladino, qui brigue le poste de gouverneur de l’état de New York. Ce républicain issu de la mouvance des Tea Parties – encore eux – s’est récemment fait connaître pour ses propos injurieux sur les homosexuels, qui, de son point de vue, sont des individus anormaux, au sens normatif du terme. Cela pourrait bien lui coûter son élection.

Égratignant au passage le mouvement féministe qui n’aurait rien vu venir, C. Krauthammer insiste également sur ce qu’il nomme la « tendance socio-démographique la plus importante » de la campagne électorale, à savoir, selon lui, l’essor d’une génération de femmes influencées par Sarah Palin, (ultra-)conservatrices, agressives, déterminées mais aussi, précise-t-il, intelligentes. Il cite ainsi Nikki Haley (candidate au poste de gouverneur de Caroline du Sud), Sharron Angle (qui se présente au Sénat dans le Nevada), Carly Fiorina (qui brigue elle aussi le Sénat, mais en Californie) ou Meg Whitman (candidate au poste de gouverneur de Californie).

Cependant, pour différentes raisons (relatives en particulier à leurs prises de position sur les questions de mœurs), l’amalgame entre ces politiciennes semble quelque peu hâtif. L’image de la femme au foyer dynamique mais un tantinet « tarte » et manquant de vergogne idéologique – la célèbre mais hypothétique « hockey mom » à la S. Palin – est en train de devenir un nouvel imaginaire collectif, qu’on pourra bientôt, si cela continue, ajouter à la liste des mythes fondateurs de l’Amérique.

C. Krauthammer prédit en tout cas que ces midterm elections seront bel et bien l’expression d’une révolte contre le mode de gouvernement démocrate, en place depuis l’élection de Barack Obama : ce sera un vote de la « colère », dit-il, et même d’une colère juste ou en tout cas compréhensible.

Le ton est le même sur le site de l’American Enterprise Institute – le principal think tank néoconservateur des États-Unis. Y est dénoncée la profonde déception que le Président inspirerait à l’ensemble de l’électorat américain, en particulier sur le plan économique. Est également précisé, mais plus discrètement, que, selon les derniers sondages, le peuple ne fait pas davantage confiance aux républicains pour gouverner le pays.

Á ce stade, on sait surtout que l’élection s’annonce plus serrée que jamais… Et que tous les coups sont donc permis !