L’idéologie, ennemie de la nation américaine ?

Pour Charles Krauthammer, la victoire – partielle – des Républicains lors des dernières midterms est à interpréter avant tout comme la manifestation d’un cycle habituel, « normal ». Le pays est au centre-droit, et les logiques électorales découlant de la géographie interne des Etats-Unis – les deux côtes démocrates, le Midwest républicain, pour faire court -, finalement respectées. « Waves come. Waves go. The republic endures ». Pas de quoi pavoiser, donc, pour la droite américaine.

Toutefois, l’intellectuel néoconservateur ajoute, dans cet éditorial du Washington Post publié le 5 novembre, que la défaite du camp démocrate s’explique en partie par le radicalisme du Président Obama, sans oublier son arrogance. Sur le premier point, C. Krauthammer dénonce la démesure de l’argent public injecté dans l’économie et la société – le système de santé, of course, mais aussi la lutte contre le chômage, selon lui bien trop coûteuse et complètement inutile. L’argument ne surprend pas, tant il a été rebattu par les Républicains pendant toute la campagne. Concernant le second point, Barack Obama se voit accusé d’aveuglement face aux signes avant-coureurs de sa défaite, comme certains échecs électoraux locaux du parti démocrate en 2009. C. Krauthammer lui reproche également d’avoir cédé aux sirènes idéologiques pour faire passer ses principales réformes, au mépris du consensus et de la légitimité démocratiques. Au final, c’est sa manière de gouverner qui aurait été sanctionnée, le 2 novembre dernier. Dès lors, il aurait déjà jeté tous ses atouts sur la table, serait condamné à l’inaction durant les deux prochaines années et aurait découragé tout projet démocrate semblable au sein à l’avenir. Pire : il ne reconnaîtrait pas ses erreurs et la déception populaire générée par celles-ci.

L’accusation est rude et discutable, tant les Républicains eux-mêmes ont joué jusqu’au bout la carte idéologique ces dernières semaines – sans parler du fanatisme de certains Tea Parties. Mais l’appel de C. Krauthammer à davantage de modération, à l’encontre des Démocrates, concerne aussi le parti de l’éléphant : ils auraient surtout gagné par défaut. Á bon entendeur ?…