Le Front National : un point de vue méconnu sur les femmes

On parle beaucoup du Front National comme d’un parti raciste et/ou xénophobe, mais l’on oublie souvent que sa vision des femmes n’est guère plus réjouissante que celle qu’il a des étrangers, immigrés, musulmans et autres Arabes (ou supposés tels). Un tour rapide de son site Internet nous apprend en effet qu’en la matière, la plupart des arguments qui étaient déjà en vigueur du temps de Jean-Marie Le Pen demeurent valables sous le règne de la nouvelle présidente : la rhétorique a évolué pour donner une impression de souplesse, mais le fond reste identique. Morceaux choisis, issus du programme officiel du parti :

1) La rubrique « Enfance et famille », illustrée par le ventre nu d’une femme enceinte (ce qui, déjà, est instructif), souhaite nous expliquer nombre de choses intéressantes. Y est par exemple avancé que les femmes françaises feraient, en France, moins d’enfants que les autres (1,7 en moyenne et non pas 2 comme on le croit). Ce mensonge des statistiques officielles résulterait-il d’un complot visant à « substituer à la politique de démographie française, une politique de peuplement par l’immigration » ? Dès lors, pour « relancer la natalité française », il faudrait faciliter l’adoption prénatale.

Dans un paragraphe joliment (ou grossièrement) intitulé « Politique de respect et d’accueil de la vie », il est dit que « la législation mise en place depuis la loi Giscard-Chirac-Veil [encore l’idée du complot ?] ne répond pas aux objectifs initialement fixés par le législateur : protéger la vie et répondre à la détresse des femmes ayant recours à l’avortement » (sic). C’est pourquoi « la définition d’un statut juridique et social pour la mère de famille et la revalorisation des allocations familiales réservées aux familles françaises constituent les moyens concrets pour réduire le nombre des avortements et relancer la natalité française ». Nous y voilà. Plus encore, si le F.N. est élu en 2012 (ou plus tard), il s’engage à mettre en place un référendum pour « promouvoir une Nation moderne soucieuse du respect de la dignité humaine par l’inscription dans les textes (…) du caractère sacré de la vie et l’affirmation du droit de la personne à être protégée par la loi de sa conception à sa mort naturelle ». Là encore, les mots ont un sens : de sa conception à sa mort naturelle… Il n’est pas précisé quand débute la conception (dès le rapport sexuel fécondé ou quelques jours/semaines plus tard ?), mais peu importe car, en appelant « personne » ce qui n’est même pas un embryon, encore moins un foetus (inutile ici de rappeler ce que dit la médecine sur le sujet), l’idée est limpide, il s’agit de délégitimer l’IVG, et in fine de l’interdire. Et ce, au nom d’un caractère « sacré » qui a très peu à voir avec la laïcité, par ailleurs si chèrement défendue par un Front-National-finalement-pas-si-nouvelle-formule. En d’autres termes, le corps de la femme appartient à la nation. Ni plus, ni moins.

Autre remarque : autant les femmes figurent en bonne place dans la thématique « Enfance et famille », autant elles sont absentes des rubriques « Emploi » et « Retraite », alors que l’on connaît avec précision les inégalités qu’elles subissent en matière économique et sur le plan des pensions. Curieux pour un parti qui se targue de vouloir redonner au principe d’égalité ses lettres de noblesse, surtout chez les plus faibles ?…

2) Deuxième exemple : la rubrique « Culture » propose de « valoriser notre patrimoine et notre culture ». Jusque là, d’accord. Oui, mais « il importera de revenir sur les réformes récentes comme la féminisation des noms ». Grande menace pour le patrimoine français, vous en conviendrez !

Finalement, Jeanne d’Arc (qui sera fêtée le 1er mai prochain) mise à part, pour le Front National, que sont les femmes hormis des mères et des épouses ?

Le voile intégral est parfois invisible…